Avec les investissements adaptés, 61% des compétences acquises par  les Français sont susceptibles d'être automatisées. Telle est la tendance relevée par Boostrs, une start-up française spécialisée dans la cartographie des métiers dans une étude intitulée Automatisation et Future of Work. Celle-ci a été réalisée auprès de 13 000 compétences et 3112 métiers sur la base d’un ensemble de données combinant le projet européen ESCO, O*NET, la classification de l’Organisation Internationale du Travail et des référentiels de branches ainsi que les métiers exercés par les utilisateurs de Boostrs. Selon les résultats, les métiers impliquant une interaction complexe avec des personnes ont tendance à être moins automatisables. C'est le cas par exemple des cadres et des employés des ressources humaines. À l’inverse, les fonctions nécessitant des machines et comportant des tâches répétées sont plus exposées au risque d'automatisation.  Ainsi, les ingénieurs pourraient voir leur métier impacté à hauteur de 53% par les nouvelles technologies. Le risque serait même de 50% pour un data scientist.

Les ingénieurs font partie des métiers exposés à l'automatisation des tâches. Source:Boostrs

Pas de conséquences directes sur l'emploi des seniors

Le rapport fait  ailleurs état d’une corrélation négative entre l’automatisation et la séniorité de l’emploi. En effet, les 60 ans et plus, arrivés au terme de leur carrière, présentent un indice d’automatisation de 54%, le plus faible parmi les tranches d’âge. Les jeunes  actifs (de moins de 25 ans)  qui présentent un score de 62%, sont à l’inverse beaucoup plus à même de voir leurs missions déléguées à des machines. Si le secteur secondaire présente, sans surprise, le potentiel de robotisation le plus élevé (72%), le secteur tertiaire, qui concentre plus de 20 millions de personnes en France (soit six fois plus), n’échappe pas à la tendance avec 57% de risque. Considérant que la durée de vie d’une compétence est de cinq ans tout au plus, Vincent Lebunetel, CEO de Boostrs, co-fondateur et vice-président de l'Observatoire des Métiers du Futur estime crucial d’investir massivement dans la formation et de prioriser les profils les plus exposés à l’automatisation de leurs compétences.

 

Dans les services informatiques, 15% des compétences sont en déclin. Source: Boostrs. 

 Investir massivement dans la formation

« Il faut démystifier l’IA,  insiste le dirigeant dans un communiqué. Le remplacement de fonctions devenues obsolètes par des technologies émergentes n’est pas un phénomène nouveau ni un problème en soi, c’est sa rapidité et notre inaction en matière de formation qui menacent l’emploi» prévient-t-il. En France, le nombre de formations actuellement dispensées est 4 fois inférieur aux besoins nécessaires au remplacement des compétences en déclin, souligne le dirigeant. Pour endiguer l’impact de l’automatisation sur l’emploi, ce dernier appelle à la mise en place urgente et nécessaire de plans de formation à grande échelle. L’objectif étant d’actualiser les compétences de plus d’un milliard d’individus avant 2030.