Patrick Starck a récemment quitté la tête d'HP France pour prendre la tête de la région Europe du Sud pour CA. Dans un entretien avec lemondeinformatique.fr, il explique pourquoi il a choisi CA et fait le point sur les grandes orientations de la société dirigée par John Swainson . En arrivant chez CA, vous passez d'un groupe plutôt spécialisé dans le matériel et l'infrastructure à une société qui tire ses revenus du logiciel ? Pourquoi un tel choix ? C'est à la fois la conjonction d'une analyse du marché de l'informatique et d'un désir personnel. Après 11 ans passés chez Compaq et HP je me suis posé la question du challenge pour les 10 prochaines années. J'ai réfléchi aux évolutions du marché de l'IT. Le premier constat que j'ai fait est que sur le marché du logiciel il y a une accélération de la consolidation. Jusqu'alors, elle s'est faite dans 2 ou 3 grands domaines, dont celui de l'applicatif et de l'infrastructure. Dans l'applicatif, il ne reste plus que deux gros acteurs de poids, SAP et Oracle, et des acteurs de niche. La consolidation est aussi faite, sur le marché des SGBD et du middleware. En revanche sur les autres secteurs, rien n'est fait. Dans le domaine de la gestion d'infrastructure, aucun acteur n'a pour l'instant pris une position de consolidation globale. Il y a quelque chose qui va se passer dans ce domaine, qui ne pourra durablement échapper pas à une forme de consolidation et de standardisation. Les entreprises veulent qu'on les aide à mieux comprendre leurs clients, à être plus réactives, à mieux accompagner leurs clients. Bien sûr pour faire cela, les acteurs du domaine applicatif ont une réponse, mais les acteurs du domaine de l'infrastructure ont eux aussi une réponse à apporter. CA a une réponse à apporter sur l'intégralité. Il a l'ambition d'être présent sur tous les points de la gestion d'infrastructure. De la gestion de la sécurité à celle des systèmes, du stockage, en passant par tout ce qui concerne la gouvernance et la gestion des services rendus (business system optimisation) Sur ce segment de la gestion d'infrastructure, CA affiche des faiblesses notamment sur la gestion du stockage ou même sur celles des processus, où il est venu tardivement.... Je ne doute pas que la fédération et la consolidation technologique sont en train de se faire. Nous avons une stratégie d'acquisition. Nous avons vocation à être consolidateur technologique sur ce marché. Aujourd'hui les entreprises achètent encore de larges pièces du puzzle à de multiples sociétés. Notre objectif est de simplifier ce travail. Bien sûr la technologie restera complexe. Mais avec l'intégration, le service rendu et la perception du client se trouvent simplifiés. Une de mes priorités sera de porter ce message à nos clients et de leur expliquer cette vocation de CA. Le mouvement a été initialisé avec l'arrivée de John Swainson. Il y a une opportunité à faire de CA le leader du logiciel d'infrastructure. D'ici cinq ans, il ne devrait plus y avoir que deux ou trois grands acteurs sur ce secteur CA a aujourd'hui un modèle largement direct alors que vous venez d'une société qui s'est largement construite sur un modèle indirect... Vous posez la question de notre accès au marché : il y aune impulsion claire et sans ambiguïté d'orienter la stratégie de vente de CA vers un modèle hybride. Les demandes des clients sont hybrides. Ils veulent acheter en direct chez le constructeur ou l'éditeur mais aussi profiter des compétences d'un tiers intégrateur. Notre offre est modulaire et si un client veut acquérir un de nos modules auprès d'un intégrateur pour l'intégrer avec d'autres modules d'un éditeur tiers, il peut le faire. Pour nous, la stratégie indirecte est stratégique. On ne pourra pas devenir leader du marché sans nos partenaires Un autre constat est que CA vend pour l'instant essentiellement aux grands comptes et peu aux PME. Nos principaux clients sont effectivement les grandes entreprises mais nous avons une ouverture aux sociétés de taille plus petite, et l'on vend même aux particuliers, nos offres de sécurité notamment. Oui mais cet effort est aujourd'hui limité à une poignée de produits ... Aujourd'hui, pour se positionner efficacement sur le marché des PME, il faut le faire avec des produits conçus spécifiquement pour les PME et avec le réseau de distribution adéquat. Les besoins d'une PME sont différents de ceux d'un grand compte : Une PME a un SI assez homogène avec des micros des serveurs et du réseau sous toutes ses formes. La problématique d'un grand groupe est que son SI est multiplates-formes, multi-OS et qu'il doit gérer son historique. Dans les PME, le SI peut être totalement cohérent à un instant donné. Les produits ne peuvent donc pas être les mêmes et les besoins d'intégration sont différents. Votre nouvelle fonction a une dimension internationale alors que jusqu'alors vous avez surtout eu des responsabilités nationales. Etait-ce une des raisons du choix de CA? C'était un choix personnel. Il y a avait un élément qui était l'expérience internationale. Manager des structures internationales était quelque chose qui m'attirait. J'ai aujourd'hui en charge la région Europe du Sud. Ce qui vous donne un rôle de consolidation ... L'organisation par pays de CA ne bouge pas. Nous cherchons à développer des synergies par région en partageant des compétences clés entre cinq ou six pays. Mon rôle n'est pas de créer un étage de consolidation, mais bien d'exploiter au mieux ce que nous pouvons partager. Il nous faut trouver l'équilibre entre ce qui se fait le mieux au niveau des pays et ce qui se doit se faire au niveau de la région.