Le procès antitrust engagé par le département de la justice contre Oracle dans sa tentative de rachat de PeopleSoft, s'est ouvert par une déclaration surprise de Microsoft. Le géant du logiciel a en effet révélé avoir mené des discussions confidentielles avec SAP en vue d'une fusion. Le projet a finalement été abandonné face à la complexité de l'opération et les problèmes d'intégration qu'il aurait posés. Il a été ramené à une série d'annonces de partenariat annoncés le mois dernier. Selon l'éditeur de progiciels allemand, des discussions ont eu lieu entre les deux sociétés entre la fin 2003 et ce printemps. "SAP a été approché par Microsoft à la fin 2003 pour discuter d'une fusion" explique un porte-parole de l'éditeur. Selon SAP, les discussions se sont arrêtées avant toute négociation tarifaire et ne devraient pas reprendre dans l'avenir. Au-delà de ces aveux surprises, le procès a été marqué par les interrogations adressées par le juge Walker à Claude Scott, l'avocat du département de la justice. Le juge a notamment demandé à Scott pourquoi le DoJ avait limité son analyse du marché au seul territoire américain plutôt qu'au marché mondial. Il a aussi cherché à savoir pourquoi le DoJ considère qu'Oracle, PeopleSoft et SAP sont les seules alternatives crédibles pour les grands comptes. "Quelle différence y a-t-il entre Oracle, SAP, PeopleSoft et les autres, comme Lawson et Microsoft ?" a demandé le juge Walker… Pour Oracle, la définition du marché des PGI par le département de la justice est une ineptie. Selon Dan Wall, avocat de l'éditeur, le DoJ a demandé une définition en 200 mots du marché des progiciels : "Il y a une anecdote parmi les avocats antitrust qui dit que s'il faut plus de 10 mots pour définir un marché pertinent, alors ce n'est pas un marché pertinent. Et nous sommes à des lieux de là…" Selon Wall le but d'Oracle en achetant PeopleSoft n'est pas de mieux affronter SAP, mais de bâtir une pile applicative comprenant SGBD, middleware et applications pour mieux combattre Microsoft et IBM. Quel que soit le verdict du juge américain, Oracle devra affronter d'autres obstacles sur sa route dans le rachat de PeopleSoft et notamment l'enquête de l'Union européenne. Il devra aussi séduire les actionnaires de PeopleSoft, qui jusqu'alors n'ont pas montré d'enthousiasme particulier pour l'opération.