Baptisé Server Efficiency Rating Tool (SERT), l'utilitaire proposé par la SPEC (Standard Performance Evaluation Corporation ) va être utilisé par l'Agence américaine de protection de l'environnement (Environmental Protection Agency - EPA) pour livrer des données sur l'efficacité énergétique dans le cadre de son programme Energy Star for Servers qu'elle doit déployer prochainement. Les agences gouvernementales d'autres pays devraient aussi l'utiliser. Aujourd'hui, le coût représenté par l'alimentation et le refroidissement des serveurs dépasse dans certains cas leur prix d'achat initial, si bien que les opérateurs de datacenters sont très concernés par la consommation électrique de leurs équipements et qu'ils prennent des décisions d'achat en conséquence.

L'Agence américaine de protection de l'environnement dispose déjà d'un programme Energy Star pour les serveurs, mais les critères qu'elle utilise pour son classement sont limités à la mesure de l'efficacité des alimentations ou de la consommation d'un serveur en veille par exemple. L'outil SERT doit fournir des informations beaucoup plus détaillées.

Des tests intensifs à plusieurs niveaux

Le test réalisé par l'utilitaire de la SPEC consistera à exécuter une douzaine ou plus de charges de travail sollicitant différents composants du serveur, dont les CPU, la mémoire et le stockage, de façon à tester l'efficacité de chaque charge de travail à différents niveaux. « Par exemple, si un client sait que son application va peser sur le processeur et la mémoire, il peut comparer ces résultats et choisir le serveur le plus efficace pour la charge de travail qu'il doit exécuter », a expliqué Klaus-Dieter Lange, qui préside le groupe SPEC à l'origine du développement de l'outil.

Les données de ces tests, confiés par l'EPA à divers laboratoires américains, seront disponibles dans deux semaines environ, avant d'être publiées sur le site web de l'agence de l'environnement. L'outil SERT permet de tester aussi bien des serveurs x86 que des machines Power d'IBM équipés d'un maximum de huit processeurs, et des serveurs multi-nodes. Comme l'a annoncé M. Lange, « la SPEC compte bientôt étendre les capacités d'analyse de son outil aux serveurs ARM et Sparc ».

Les constructeurs entre appréhension et enthousiasme

Voilà trois ans que son groupe travaille au développement de ce Server Efficiency Rating Tool avec la participation de presque tous les grands constructeurs. Les fabricants de serveurs accueillent cet outil avec un mélange d'appréhension et d'enthousiasme, car il braque les projecteurs sur l'efficacité de leurs systèmes et met davantage en avant les évolutions technologiques de leurs produits. « Les fournisseurs de serveurs vont être obligés de concevoir des serveurs plus efficaces, non seulement en intégrant des CPU capables de supporter des charges de travail intensives, mais aussi en matière de mémoire et de stockage », a déclaré Klaus-Dieter Lange. Le label Energy Star étant obligatoire pour les équipements vendus au secteur public, les fournisseurs devront faire tester leurs systèmes s'ils veulent vendre leurs produits sur ces marchés.

La plus grande difficulté pour la SPEC a été de choisir les bonnes charges de travail - ou worklets, comme elle les appelle - pour réaliser les tests et faire en sorte qu'elles soient les plus pertinentes pour le plus grand nombre. Il fallait aussi que les laboratoires de certification puissent effectuer la suite de tests rapidement et de manière cohérente, sans compétences techniques particulières. Le SERT se limite ainsi à une simple interface graphique, et afin que les tests soient réalisés partout de manière identique, les paramétrages sont préétablis.

La SPEC et l'EPA doivent encore décider comment ils vont utiliser les données pour classer les serveurs. Dans les tests actuels, ils sélectionnent 25 % des serveurs les plus performants et leur accordent une Energy Star. Mais le nouveau test est plus compliqué. Les deux organismes vont étudier les données des tests effectués pendant les neuf prochains mois pour déterminer la façon dont elles vont classer les systèmes. Cependant, les clients pourront commencer à utiliser les résultats dès leur publication.