Depuis le début des débats sur le téléchargement et la protection des droits d'auteur, une épée de Damoclès planait sur les utilisateurs de logiciels « pair-à-pair » (P2P ou Peer-to-Peer)*, pointés du doigt et souvent assimilés à des pirates. Et la menace se fait de plus en plus précise, pas uniquement dans le cadre législatif mais d'un point de vue purement technique. Les FAI veulent en effet juguler le phénomène, aidés en cela par des sociétés comme Allot Communications. D'après cette entreprise spécialisées dans le trafic réseau, 40 à 50 % de la bande passante aux Etats-Unis serait occupée par ce protocole d'échange. Un chiffre qui atteindrait les 80 % en Asie. Un problème économique pour les opérateurs qui doivent adapter leurs coûteuses infrastructures (en termes de serveurs notamment). Une « aubaine » pour Allot qui propose donc aux FAI ses boîtiers NetEnforcer AC-804 et AC-808 (voir photo), capable d'analyser les échanges BitTorrent. Grâce au cryptage de certaines données, ce dernier semblait plus difficile à contrôler qu'eMule par exemple. La gamme NetEnforcer parvient à passer outre cette protection, permettant au FAI de réduire les performances de cette méthode de téléchargement en agissant sur les ports nécessaires. Pour fuir la mauvaise presse, les opérateurs se font évidemment discret sur ce genre de mesures. Mais déjà, ici et là, les messages des internautes mécontents affluent, constatant des débits en baisse. Pourtant, P2P ne signifie pas illégal. Bien sûr, il serait hypocrite de se cacher derrière les quelques exemples qui utilisent ce protocole pour distribuer leurs produits (jeux vidéo, films...). La solution est-elle d'ignorer ce qui pourrait être un nouveau canal de distribution ? Le manque d'information de la part des opérateurs n'est cependant guère acceptable et stigmatise leur dichotomie : on ne veut pas effrayer les éventuels clients pour qui le téléchargement est l'une des fonctions principales d'Internet tout en ménageant le coût de gestion des réseaux. Cela leur permet également de faire bonne figure face aux nombreuses sociétés combattant le P2P. Un manque d'honnêteté dont les conséquences ne sauraient être positives. *Parmi les applications P2P, deux références dominent, le célèbre eMule/eDonkey et les clients BitTorrent. Leur principe réside dans le partage des fichiers. Chaque utilisateur y est à la fois serveur et client.