Les voitures autonomes c'est bien, mais les voitures autonomes qui roulent, c'est mieux. Pour ces dernières, il faudra cependant attendre un peu. Beaucoup même à en croire l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique) qui s'apprête à publier dans les prochains jours un livre blanc sur le sujet. Certains extraits envoyés à la presse en avant-première ne laissent en effet pas de doute sur le fait qu'il faudra se montrer patient avant de se mettre derrière le volant d'une voiture totalement autonome (niveau 5) roulant sur les routes françaises.

« Les premiers systèmes de transport automatisés, sur des sites privés ou d'accès contrôlé, devraient apparaître à partir de 2025. A cette période, des véhicules autonomes devraient aussi commencer à rouler sur autoroute, à condition que les infrastructures aient été adaptées (par exemple sur des voies réservées à cet usage). Ce n'est qu'à partir de 2040 que l'on devrait voir des voitures complètement autonomes (aucune intervention de l’être humain), dans des zones péri-urbaines, et en test dans des villes », explique Fawzi Nashashibi, responsable de l’équipe-projet RITS à l'Inria. « Mais la maturité des technologies n'est pas le seul verrou au déploiement de ces véhicules, qui dépendra largement de décisions politiques (investissements, réglementations...) et des stratégies d'aménagement du territoire ».

Une évolution du code de la route à prévoir

Le gouvernement a passé de son côté la seconde dans les véhicules autonomes, avec dans le viseur la Loi d'orientation des Mobilités (LOM) dont la présentation en conseil des ministres doit intervenir d'ici l'été. A ce titre, les ambitions gouvernementales sont grandes et les attentes optimistes, le législateur visant l'échéance de 2022 pour voir circuler sur les routes françaises des véhicules individuels autonomes de niveau 3, c'est à dire permettant au conducteur de déléguer la conduite tout en étant capable de reprendre le contrôle à tout moment. Pour le niveau 4 - et surtout 5 - permettant aux véhicules d'être totalement autonomes sur certaines portions de route (autoroutes par exemple), il faudra en revanche s'armer de patience. Et pour cause : autoriser la circulation de véhicules pourvus de ce niveau d'autonomie ne pourra pas se faire sans une réflexion globale pour déterminer les responsabilités en cas d'accident, couplée à une évolution du code de la route tenant compte des portions de route où la conduite autonome peut être activée ou non. Des actions un peu plus complexes à mener que le passage au 80km/h sur les routes à double sens sans séparateur central à partir du 1er juillet prochain...