En juin dernier, Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé, déclarait à nos confrères du Monde que le DMP, le Dossier médical personnel, qui devrait théoriquement voir le jour en 2008, était « au point mort ». De fait, la ministre s'était engagée à « le relancer très vite ». Ce n'est peut-être pas un hasard si l'assurance maladie a annoncé le lancement d'une mesure qui permettra aux praticiens d'accéder à l'historique des remboursements des patients sur douze mois. Ce système est censé préserver les patients d'interactions médicamenteuses. Il pourrait également permettre de repérer les gros consommateurs de soins, quoique la Sécurité sociale dispose de ses propres contrôles. Après avoir reçu le feu vert de la Commission informatique et libertés (Cnil), le système a été testé dans quatre départements de l'Hexagone: les Yvelines, la Seine-Saint-Denis, le Val d'Oise et les Alpes-Maritimes. Quelque 3 000 praticiens se seraient déjà manifestés pour participer au système, indique la Caisse nationale d'assurance maladie qui mise sur l'inscription de quelque 20.000 intervenants d'ici au mois de novembre. Des données pas assez exhaustives Reste que le projet n'est pas une nouveauté en soi. Il y a deux ans, un prototype, plus connu sous le nom de Web Médecin, avait fait l'objet d'une présentation par la Caisse nationale d'assurance maladie. Non sans provoquer les réactions des professionnels de la santé. « Le problème de la donnée médicale, c'est son exploitabilité, souligne Christian Michaud, consultant en systèmes d'informations télémédecine. Son stockage est loin d'être suffisant. Or, les informations contenues dans Web Médecin ne sont pas assez exhaustives ni suffisamment structurées, pour être utilisables. Elles peuvent même soulever des questions, tant sur le plan juridique que médical. » Pour le consultant, ce système de mise en ligne des remboursements des patients se situe à des kilomètres du dossier médical partagé. Et considère le projet comme un système de flicage, un outil de contrôle supplémentaire au service de l'Etat.