Si un cloud à zéro émission reste une chimère – du fait des émissions résiduelles liées à la consommation électrique, la fabrication des serveurs ou encore les infrastructures réseau – définir une feuille de route pour diminuer les émissions incompressibles en faisant appel à des prestataires éco-responsables peut avoir un impact significatif sur l’empreinte carbone.

Pour faire le choix d’un fournisseur éco-responsable, des indicateurs tels que le PUE, le WUE, les normes ISO50001 et ISO14001, ou le taux d’énergies renouvelables, sont révélateurs de la maturité industrielle sur le plan environnemental. Passons en revue 5 critères essentiels à prendre en compte.

#1 Le bilan carbone, premier point à considérer

La réduction des émissions commence par l’identification des sources les plus importantes liées à son activité. Tout fournisseur de cloud engagé dans une démarche écoresponsable doit avoir réalisé son Bilan de Gaz à Effet de Serre (BEGES). Commencez par vous assurer que le bilan carbone de votre potentiel fournisseur est bien public et qu’il a pris en compte la segmentation scope 1 (gaz à effet de serre émis directement par l'entreprise), scope 2 (émissions indirectes et liées à l'énergie) et scope 3 (émissions indirectes). Il faut attacher une importance toute particulière au Scope 3, qui inclut la fabrication des équipements et dont l’impact est considérable.

#2 Le PUE, indicateur de l’efficacité énergétique du datacenter

Calculé en divisant le total de l’énergie consommée par le datacenter par le total de l’énergie utilisée par les équipements informatiques (serveurs, stockage, réseau), le Power Usage Effectiveness (PUE) est un indicateur universellement reconnu. S’il n’est pas suffisant pour juger de la démarche éco-responsable d’un fournisseur de cloud, il donne déjà une bonne idée du niveau d’implication. « Un opérateur qui connaît son PUE et le communique se situe déjà au-dessus du lot » nous a confié Tristan Vuillier, Program Manager Sustainability chez OVH. Le PUE moyen en Europe a été estimé à 1,75 par la commission européenne en 2018, c’est-à-dire qu’un watt de ressources consommées nécessite 1,75 watt à l’entrée du datacenter. « Plus le PUE se rapproche de 1, moins il y aura d’énergie gâchée sur les systèmes annexes tels que le refroidissement, l’éclairage, la sécurité… » précise Tristan Vuillier.

#3 Le WUE, pour aller plus loin dans l’évaluation de l’impact environnemental

Le WUE (Water usage effectiveness) mesure le rapport entre l’eau utilisée par le datacenter – principalement pour les tours de refroidissement – et l’électricité fournie au matériel informatique. Selon un rapport du département américain de l’Energie (US Department of Energy) , le WUE d’un datacenter moyen est de 1,8 litre pour 1 kWh. Pour Tristan Vuillier, « un bon WUE est inférieur à 1 litre voire 0,5 litre par kilowatt/heure. Combinée au PUE, le WUE donne une image assez complète de l’efficacité d’un datacenter » précise le Program Manager.

#4 Le CUE pour obtenir une donnée fiable sur la qualité de l’énergie

Le CUE (Carbon Usage Effectiveness) est utile pour les DSI qui souhaitent déterminer le volume de gaz à effet de serre généré par les équipements informatiques des datacenters. Cet indicateur est révélateur de la source d’énergie primaire utilisée pour alimenter les serveurs. « Exprimé en kilogrammes de C02 par kilowatt/heure, le CUE est l’équivalent d’un mix énergétique et amène à s’interroger sur la localisation des données et l’empreinte de cette localisation du point de vue environnemental » commente Tristan Vuillier.

#5 La politique de réutilisation des composants

Sur l’intégralité de son cycle de vie, la plus large part de l’empreinte environnementale d’un serveur est liée à la fabrication de ses composants. « Un cloud provider qui recycle, répare, allonge la durée de vie de ses serveurs peut significativement réduire l’empreinte environnementale de ses services » explique Tristan Vuillier. Dans le même ordre idée, il est important d’observer l’usage que fait le cloud provider de son matériel. Des serveurs de dernière génération sont-ils mobilisés pour de simples hébergements de site web ? Ou le fournisseur fait-il appel à des serveurs moins performants pour répondre à des cas d’usage peu exigeants ? « C’est aussi en mettant en place ce type d’approche qu’un cloud provider peut allonger la durée de vie de son matériel », conclut Tristan Vuillier.