À l’instar de ce que fait Back Market sur le marché grand public en proposant des smartphones et des  tablettes reconditionnés, de plus en plus d’acteurs (de Eurodeal, Rzillient à ATF Gaïa en passant par certains partenaires de constructeurs) commercialisent des équipements de seconde main pour le btob ; PC portables, serveurs, stations de travail et autres périphériques (écrans, imprimantes, etc.) ont ainsi le droit à cette seconde vie. Les décideurs IT sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à allonger la durée de vie de leurs équipements de 3 à 5 ans, voire plus. Mais cette seconde main est très liée à l’applicatif utilisé. Comme le rappelle très justement Tamsir Fayer, VP CMO de Softcorner, c’est bien le logiciel qui drive l’obsolescence du matériel. Un simple constat l’illustre encore aujourd’hui : plus de 50 % des PC professionnels ne seraient pas compatibles avec Windows 11. À l’heure où l’on parle d’écologie et de réduction des gaz à effet de serre, la pilule est plus difficile à avaler d’être toujours obligé d’investir dans des PC neufs pour migrer vers un nouvel OS. D’autant que les entreprises n’ont pas forcément le choix, car la durée de vie de l’OS en question est elle-même programmée par les éditeurs, par exemple 

Du matériel, mais aussi du logiciel de seconde main

Comme pour les matériels, les entreprises peuvent donc se tourner vers des logiciels de seconde main. « Les logiciels représentent environ un tiers des coûts IT annuels sachant que 30 % des licences achetées ne sont jamais utilisées », relève Tamsir Fayer, et d’ajouter : « C’est dans ce contexte que la place de marché des logiciels d’occasion SoftCorner a été créée. En l’utilisant, les entreprises prolongent non seulement la durée de vie de leurs postes, mais elles peuvent aussi économiser jusqu’à 80 % sur les coûts de licences. » À noter que la création de SoftCorner en 2014 correspond, à deux ans près, à l’arrêt de la cour de justice de l’Union Européenne du 3 juillet 2012 (suite à l’affaire du distributeur allemand de licences d’occasion UsedSoft contre Oracle) qui stipulait, en résumé, que les éditeurs ne pouvaient pas s’opposer à l’achat de licences logicielles d’occasion, ainsi tout nouvel acquéreur de ces licences en devient de fait le propriétaire légitime.

Un marché temporaire menacé par le Saas ?

Pour Tamsir Fayer, la place de marché SoftCorner est fréquentée par tout type de profils d’entreprises (de la PME au grand compte) dans tous les secteurs d’activité avec des niveaux de maturité numérique qui diffèrent. Certaines organisations voient ainsi la licence d’occasion comme une transition en attendant une inévitable migration vers le Saas. D’autres, déçues du cloud pour des raisons de coûts essentiellement, reviennent vers le on premise en investissant dans des licences d’occasion. Aujourd’hui, l’activité de SoftCorner est plutôt florissante (100 M€ de valeur de licences à vendre), la place de marché profite aussi du contexte actuel et des réglementations gouvernementales comme le bannissement d’Office 365 des ministères ou encore de la loi Chaize du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte du numérique en France, notamment la lutte contre l’obsolescence matérielle et logicielle. Reste à savoir, à quelle date définitive le Saas pourrait mettre fin au marché du logiciel d’occasion !