OVHcloud vise le NetZero d’ici à 2030. Sur quelle stratégie repose cet objectif ?

T.V : La première étape de cet objectif est de définir une stratégie de diminution des émissions compressibles, tous scopes confondus. C’est ce qui va diminuer les impacts environnementaux du cloud. Pour les émissions restantes, une stratégie de capture carbone permet de contribuer à l’augmentation des puits de carbone, de manière complémentaire. La stratégie d’OVHcloud repose essentiellement sur deux axes. Tout d’abord réduire les émissions compressibles au maximum, par des contrats d’achats d’électricité renouvelable, l’allongement de la durée de vie des serveurs, les leviers d’optimisation sur le refroidissement ou la virtualisation. Et dans le même temps contribuer au financement de projets de contribution carbone ambitieux, avec des partenaires locaux de référence, pour toutes les émissions résiduelles.

OVHcloud est notamment fier de faire partie de l'initiative VMware Zero Carbon Committed. Cette dernière vise à réduire l'empreinte carbone émise par les datacenters grâce à une utilisation efficace et productive des infrastructures informatiques et des énergies renouvelables. Dans le cadre de cette initiative, OVHcloud est clairement identifié comme un partenaire fiable en matière de développement durable, avec des objectifs de décarbonisation alignés.

Une autre facette de notre stratégie repose sur l’optimisation de la chaîne électrique. Qu’il s’agisse d’onduleurs ou autres transformateurs, nous cherchons systématiquement les équipements les plus efficaces possible, quitte à revoir le prix d’achat à la hausse. Cette volonté forte d’accentuer nos efforts pour réduire les impacts environnementaux nous a également conduit à effectuer une analyse du cycle de vie de nos services. C’est le seul moyen que nous avons trouvé pour contourner le manque de données en provenance de nos partenaires. Nous avons ainsi travaillé avec le référentiel Negaoctet afin de mieux estimer l’impact environnemental de chacun des composants de nos serveurs mais également du datacenter, de la chaine de froid, jusqu’au service délivré… Nous ne sommes pas encore tout à fait en mesure de communiquer l’impact environnemental précis de chacun de nos services, mais nous travaillons activement sur cet objectif depuis plus d’un an. 

« La volonté d’accentuer nos efforts pour réduire les impacts environnementaux nous a conduit à effectuer une analyse du cycle de vie de nos services »

En quoi l’approche écoresponsable d’OVHcloud se distingue-t-elle des autres acteurs sur le marché du cloud ?

T.V : L’approche d’OVHcloud est intégrée et prend en compte l’ensemble des impacts environnementaux de l’activité (scopes 1, 2 et 3 du bilan GES). Associée à un modèle industriel vertueux, elle apporte une réponse ambitieuse au défi climatique.

OVHcloud se distingue par la maîtrise de son réseau, sa fabrication, l’assemblement de ses serveurs. Nous assemblons nos serveurs, utilisons des bâtiments qui ont déjà eu plusieurs vies, et nous entretenons également des relations solides avec nos partenaires. Nous travaillons notamment avec nos fournisseurs pour réduire le packaging des différents composants que nous achetons, mais aussi pour connaître plus précisément l’empreinte environnementale de chacun de ces composants (product carbon footprint).  Nous assemblons ensuite ces composants avec pour philosophie de concevoir les serveurs les plus épurés possible : carte mère, alimentation, disques durs, RAM et processeur, et pour finir, notre système de refroidissement à eau.
Plus récemment, nous avons engagé une démarche pour réduire l’impact des emballages. Entre nos sites de production et les datacenters, nous évitons dans la mesure du possible de réemballer, en nous appuyant sur des emballages en carton réutilisables pour transporter nos baies de serveurs depuis les usines de production vers les centres de données, afin de réduire l’utilisation de film plastique.

Par ailleurs, nous nous engageons dans des projets locaux d’upcylcing pour valoriser au mieux nos déchets et leur donner une seconde vie. Par exemple, notre site de Croix est en partenariat avec une entreprise d’insertion pour valoriser la totalité de la mousse de calage reçue avec les composants pour du réemploi sur le territoire de la métropole lilloise.

Le serveur est donc lui-même une pièce maîtresse de votre politique environnementale ?

T.V : Tout à fait. Concevoir nos propres serveurs en maîtrisant l’ensemble de la chaîne de production est pour nous un gage de réutilisation vertueuse des composants et de leur renouvellement régulier. Nous déterminons leur cycle de vie, correspondant à un cycle de réutilisation pour des serveurs de 2ème et 3ème vie, puis à du reconditionnement, de la réparation ou du recyclage. Ce cercle vertueux nous permet également de remplacer au fur-et-à mesure les anciens parcs de chacune des gammes par des versions moins énergivores. Ce sont autant de leviers d’action pour améliorer notre performance énergétique globale. 

Nous disposons de deux usines d’assemblage au Québec et en France, à proximité de nos principaux centres de données. Au sein de ces chaînes nous réalisons l’assemblage mais également le désassemblage des composants. Notre chaine logistique répond également à une logique circulaire intelligente. Tous les trajets de nos transporteurs entre nos centres de données sont optimisés pour limiter les déplacements inutiles.

Par ailleurs, la conception de nos datacenters répond à une démarche modulaire : nous optimisons l’espace, la densité, avec des baies qui prennent en compte le watercooling et dont le design est assez différent de nos concurrents, sans double plancher. Nous pouvons installer nos serveurs directement sur une dalle de béton… Enfin la gestion de l’eau et de la climatisation occupe une place essentielle dans notre approche.

Les polémiques autour de la température au sein des centres de données sont-elles justifiées selon vous ?

T.V : La manière de gérer le refroidissement au sein du datacenter a un impact environnemental très important, il faut y prêter une grande attention. Cela dit, les débats sur la température idéale au sein des centres de données ne sont pas toujours justifiés. Descendre la température à 20° n’est pas utile et peut même représenter un gâchis. Ne perdons pas de vue que ce qui fatigue un composant est la variation de température.

« Les débats sur la température idéale au sein des centres de données ne sont pas toujours justifiés »

Au sein des datacenters OVHcloud, le fait de conserver une température stable nous permet d’éviter tout problème sans avoir besoin de refroidir outre mesure. Implémenté depuis 2003, notre système de refroidissement à eau « watercooling », permet de se passer de climatisation et de récupérer l’essentiel des calories au plus proche de leur lieu d’apparition (le processeur). Au fil des ans, nous n’avons cessé d’améliorer nos systèmes de watercooling, notamment grâce à des systèmes de « free-cooling » permettant de réduire le circuit d’air et de stabiliser la température au sein du datacenter.