Les grands acteurs de l’IT se fixent des objectifs ambitieux en termes de réduction de leur empreinte carbone et s’en donnent aujourd’hui les moyens. C’est le cas de Microsoft ou de VMware qui s’engagent à atteindre, d’ici à 2030, le stade de neutralité carbone au niveau de leurs opérations et de leur chaîne d’approvisionnement, mais aussi de Lenovo qui veut réduire ses émissions GES (Gaz à Effet de Serre) de 50 %. Dans cette continuité, Oracle s’est fixé d’atteindre 100 % d'énergie renouvelable pour toutes les régions Cloud de son offre OCI (Oracle Cloud Infrastructure) d'ici à 2025. Pour atteindre leurs objectifs, tous ces acteurs agissent sur plusieurs scopes, leurs usines de production et leurs bureaux déjà en les rendant plus économes et autonomes. Par exemple, des panneaux solaires ont été installés sur le campus de Lenovo en Caroline du Nord, réduisant significativement son empreinte carbone. « Notre volonté est aussi de maîtriser nos achats d’énergie, 90 % de notre électricité est verte aujourd’hui. De même, nous avons augmenté de 18 % le transport de nos marchandises vers l’Europe par le train », donne aussi en exemple Giuseppe Condorelli,  account manager public sector, Energy chez Lenovo ISG. Lenovo agit aussi sur la production de ses serveurs et PC en introduisant par exemple des procédés comme la soudure basse température qui lui a permis d’économiser 4,7 tonnes de CO2, mais aussi en augmentant la durabilité de ses machines, en réduisant le packaging et même le scotch pour sceller les cartons, ou encore en privilégiant de plus en plus des matériaux recyclés. Oracle indique même avoir collecté pendant son exercice fiscal 2020 plus de 1100 tonnes de matériels à remplacer (dont 99,6 % ont été réutilisés ou recyclés) et même d’avoir réduit, depuis 2015, de 25 % par mètre carré la quantité de déchets envoyés à la décharge dans les bâtiments qu'il possède.

Le grand retour des systèmes refroidis par l’eau

Au-delà de ces annonces à grande échelle, ces acteurs s’engagent aussi à réduire l’empreinte carbone des datacenters de leurs clients. Par exemple, la SNCF a pu réduire son impact carbone significativement en migrant son ERP PeopleSoft dans l’offre OCI d’Oracle hébergée dans un datacenter vertueux, un impact qui a été validé par Bureau Veritas lequel agit comme tiers de confiance pour Oracle. « On parle de 40 % d’amélioration », assure même Christophe Negrier, country manager d’Oracle France. Bien sûr, ces acteurs travaillent avec tout l’écosystème qui intervient dans la conception du datacenter, mais ils développent aussi, pour certains, des technologies qui ont un impact direct sur la réduction de la consommation d’énergie de leurs machines. C’est le cas de Lenovo qui intègre un système de refroidissement par eau (Neptune) dans sa gamme de serveurs, par exemple pour les ThinkSystem SD650 V2. À noter que Dreamworks, le créateur du film d’animation Shrek, a déployé une solution direct water cooling de Lenovo pour refroidir son infrastructure HPC. « Nous avons réussi à réduire leur consommation de 25 %, tout cela dans leur datacenter existant », précise d’ailleurs Giuseppe Condorelli. Le refroidissement par l’eau, HPE l’exploite aussi dans ses systèmes HPC (gamme Apollo) via sa technologie baptisée DLC (refroidissement liquide direct). Le constructeur n’exclut d’ailleurs pas d’intégrer cette technologie dans la gamme serveurs Synergy plutôt destinée aux traditionnels datacenters. Certains acteurs adoptent même un dispositif de refroidissement liquide par immersion, Schneider Electric avait dévoilé, en 2020, un rack intégrant ce procédé immersif ; Microsoft aussi en plongeant les serveurs dans un liquide à 50 °C. En soi, la démocratisation du refroidissement liquide date d’une décennie ; dès 2012, IBM avait équipé le Centre Leibniz de supercalcul (LRZ) d’un supercalculateur refroidi par l'eau chaude. Et même bien avant les années 2000, les mainframes d’IBM étaient déjà refroidis par l’eau.