Le CEO de Facebook Mark Zuckerberg vient d'annoncer une nouvelle étape dans le développement de son initiative Internet.org lancée en 2013 et qui, à travers des partenariats avec différents opérateurs télécoms, cherche à rendre Internet accessible au plus grand nombre dans le monde via un éventail de services de base gratuits. Les domaines visés par ces services sont l'information, la communication et les ressources d'éducation, avec une préférence pour ceux qui sont fournis dans les langues locales des pays destinataires. Par exemple, dans les zones rurales, ils doivent permettre de transmettre des conseils sur l'accès aux soins, des offres d'emploi, mais aussi d'utiliser le réseau social et les services de messagerie de Facebook, en mode texte.

Pour défendre son projet face aux critiques qui l'accusent, en particulier en Inde, de mettre à mal les principes de neutralité du Net, le fondateur du réseau social vient d'annoncer Internet.org Platform, un programme donnant à tous les développeurs la possibilité de créer facilement des services s'intégrant dans cette initiative. Tout opérateur peut également rejoindre le programme, sans exclusive. Cette mise au point succède à un débat récemment suscité par le projet Airtel Zero, conduit par l'opérateur indien Bharti Airtel. Celui-ci devait certes permettre aux utilisateurs d'accéder gratuitement à différents services, mais il reportait le coût du trafic de données sur les développeurs qui le fournissaient. Une telle disposition est effectivement contraire aux principes de neutralité puisqu'elle peut conduire à favoriser des fournisseurs de services bien établis par rapport à d'autres qui ne disposeraient pas des mêmes moyens. Dans une lettre ouverte, Gopal Vittal, le CEO de Bharti Airtel, se défend de bafouer la neutralité du Net.

Pas de JavaScript, pas de SSL/TLS/HTTPS, pas d'images SVG

Le programme Internet.org a démarré en Inde en février dernier, avec l'appui de l'opérateur Reliance Communications. Il a également été lancé en Afrique et en Amérique du Sud et touche déjà des centaines de millions de personnes, selon le site du projet. Pour remettre l'initiative sur de bons rails, Facebook vient donc d'en réaffirmer les principes et d'encadrer le programme Internet.org Platform de trois grandes lignes directrices à suivre. L'annonce s'accompagne d'une vidéo de Mark Zuckerberg qui assure que la possibilité de connecter tout un chacun à Internet dans le monde « peut et doit » coexister avec la neutralité du Net. Les services proposés sur Internet.org Platform doivent être simples, recourant à un faible volume de données pour que les opérateurs puissent y donner accès de façon viable pour eux. Les sites  ne payent pas pour être intégrés à la plateforme et les opérateurs n'exigent rien des développeurs pour les données que les internautes utilisent dans le cadre des services qu'ils proposent. Ces recommandations restreignent de fait le nombre de services offerts pour l'instant, reconnaît Facebook.

Les trois principes pour participer à la plateforme Internet.org sont les suivants. Premièrement, les services doivent encourager l'exploration la plus large d'Internet. Facebook souligne que la barrière la plus importante pour se connecter n'est pas le manque d'infrastructure mais le coût des services, puisque plus de 80% de la population mondiale vit déjà dans une zone où l'accès au web est possible. Deuxièmement, qu'il soit possible d'offrir des services de base gratuits de façon viable pour les opérateurs, il faut savoir construire des apps qui exploitent très efficacement les données. Ainsi, les sites web qui exigent des bandes passantes élevées ne seront pas intégrés. De même, les services ne doivent pas utiliser de VoIP, de vidéo, de transferts de fichiers, de photos en grand nombre ou en haute résolution. Enfin, troisièmement, les sites web doivent être optimisés pour la navigation sur des smartphones simples avec des scénarios qui requièrent des bandes passantes limitées. Et ces sites doivent être bien intégrés à la plateforme Internet.org et ne pas faire appel à JavaScript ni aux protocoles SSL/TLS/HTTPS. En complément, le programme précise différentes spécifications techniques : pas d'images SVG (Scalable Vector Graphics), pas de iframes, ni de flash, ni d'applets Java.