La rédaction de notre confrère CIO a pu consulter un document interne de l'éditeur SAP destiné à accompagner une présentation aux partenaires de SAP System Measurement, un outil de mesure des droits d'usage correspondant à l'utilisation réelle des outils SAP dans les entreprises. Dans ce document, SAP incite ses partenaires (intégrateurs, distributeurs...) à réaliser des audits de licence dans les entreprises utilisatrices avec un argumentaire particulièrement cynique.

Comme nous le mentionnons dans notre dossier « Litiges DSI/fournisseurs: la complexité des contrats en accusation » dans CIO.PDF 84, les audits de licence sont l'une des causes majeures de conflit entre les éditeurs et les entreprises utilisatrices. Bien entendu, il est légitime pour un éditeur de s'assurer que les droits acquis par ses clients ne sont pas outrepassés. Mais, d'un autre côté, tout est fait pour pousser les entreprises à la faute comme les témoins du dossier de CIO.PDF 84 le mentionnent.

Du coup, un audit de licence fait en général mouche. Un tel audit est souvent déclenché chez des clients qui veulent remettre en cause l'ampleur d'un déploiement ou réduire d'une autre façon le montant de sa facture. Il a donc clairement un but punitif voire d'outil pour faire pression sur les DSI pour les obliger à dépenser plus malgré les restrictions budgétaires.

Pressurer les DSI avec facilité mais efficacité

L'éditeur SAP, à la page 4 du document, indique quatre raisons pour déclencher un audit de licence : un haut niveau de chiffre d'affaires potentiel dans les installations existantes ; un faible effort nécessaire pour générer ce chiffre d'affaires supplémentaire, sans démarche d'avant-vente et sans mise en concurrence possible ; la possibilité d'obliger à accepter des contrats aux nouvelles conditions commerciales si l'ancien contrat a été dépassé ; et enfin de s'assurer que l'entreprise utilisatrice a un usage conforme de ses licences avec ce qu'il a acheté.

Toujours selon le même document, l'audit doit intervenir six mois après la conclusion du contrat, un an après une modification du contrat et en tous cas au moins une fois par an. Le document indique ensuite les modalités techniques de l'audit.

Interrogé par CIO, Claude Molly-Mitton, président de l'USF, le club des Utilisateurs de SAP Francophones, a réagi au contenu de ce document : « il est en effet choquant à plus d'un titre, et je confirme que SAP mène de plus en plus d'audits de licences. Mais je ne suis toutefois aucunement étonné. Que ce soit pour l'audit ou la maintenance, SAP a malheureusement tendance - tout comme d'ailleurs la plupart des autres éditeurs de logiciels - à considérer de plus en plus ses clients comme des vaches à lait. SAP devrait toutefois faire attention car les vaches pourraient bien décider un jour de changer de crèmerie ! »