L'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) a présenté aujourd'hui son rapport d'expertise collective relatif aux radiofréquences. En conclusion de ces travaux, l'agence admet « l'existence d'effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires » et « recommande de réduire les expositions ». Mais le document ne permet pas de conclusion plus ferme sur le sujet car « un certain nombre d'études ne rapporte aucun effet particulier » et « aucun mécanisme d'action n'a été identifié entre radiofréquences et cellules ». L'Afsset reste donc prudente et préconise le développement de recherches complémentaires pour lever les incertitudes. Commandée en 2007 par les ministères de la Santé et de l'Environnement, cette étude devait en particulier s'intéresser à l'éventuelle « modification de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, à une étude épidémiologique sur le risque de neurinome associé à l'usage du téléphone mobile ainsi qu'au développement et au déploiement de nouvelles technologies.» Elle s'est attachée à l'utilisation des technologies sans fil avec des champs électromagnétiques de radiofréquences situés entre 9 kHz et 300 GHz (Bluetooth, Wi-Fi, WiMax, etc.), qui s'est fortement développée en particulier ces dix dernières années, soulevant des interrogations quant à leurs effets éventuels sur la santé. Le rapport Afsset présente l'avantage de présenter clairement la question de la dangerosité des ondes : type de technologies de radiofréquence existantes et applications associées, bandes de fréquences concernées, impacts sur la santé étudiés (le rapport note à ce propos que la présence constatée d'un effet biologique ne signifie pas forcément qu'il entraîne forcément un dommage), etc. Le document s'est aussi intéressé à la question particulière de l'hypersensibilité électromagnétique. Le texte présente les différentes inquiétudes exprimées et les études existantes dans chacun des domaines. Si l'état des lieux est des plus complet, la plupart du temps, aucune conclusion ne permet de pencher du côté de la dangerosité ou au contraire de l'innocuité de ces technologies. Un outil de travail pour le Grenelle des ondes Pour plusieurs raisons, la question n'a pas encore été tranchée. Pour commencer, il semble particulièrement difficile de prouver l'impact ou l'absence d'impact des ondes sur l'être humain (ou sur les animaux, d'ailleurs). Mais par ailleurs, les études publiées jusqu'ici proviennent de l'un ou l'autre des deux clans opposés sur le sujet : les acteurs du marché des télécoms d'un côté et de l'autre, les associations d'usagers ou de riverains opposants à ces technologies. Des études qui sont, de fait, sujettes à caution. Le rapport de près de 500 pages de l'Afsset aura sans doute le mérite d'exposer le problème de façon détaillée, mais pas celui d'apporter une réponse ferme et définitive, ni même de fixer des seuils de dangerosité. Sur sa page Facebook, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à la Prospective et au Développement de l'économie numérique, rappelle que demain, vendredi 16 octobre, « le Gouvernement lancera le Comité de suivi de la table-ronde 'radiofréquences, santé, environnement', le Grenelle des ondes », mise en place en avril par la ministre avec Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'Ecologie. Ce comité s'appuiera donc sur le rapport de l'Afsset. NKM tient aussi à souligner « le travail fait par l'Agence, la qualité et la rigueur scientifique et méthodologique des travaux conduits. Je sais qu'une importance particulière a été donnée pour garantir l'indépendance des experts. » Le groupe de travail proprement dit comprenait des experts en médecine, biologie, biophysique, métrologie des champs magnétiques, épidémiologie et sciences humaines et sociales. Et en préambule du rapport, l'Afsset précise aussi qu'un de ses comités d'experts a auditionné quatre associations françaises mobilisées sur la téléphonie (Priartem, Agir pour l'environnement, Criirem, Robin des Toits). Un membre de Priartem a également été nommé observateur du déroulement des travaux.