« Au Royaume-Uni, environ un tiers des transactions sont confiées à des ordinateurs qui exécutent des commandes définies par des algorithmes complexes, » fait valoir l'enquête Foresight, réalisée pour le gouvernement britannique, dans un document de travail publié avant le week-end. Néanmoins, cette proportion est significativement inférieure à celle observée des États-Unis, où les trois quarts des échanges d'actions sont exécutés par des ordinateurs. Londres reste aujourd'hui encore la principale place financière en Europe, loin devant Paris et Francfort. Les mutations au London Stock Exchange sont donc susceptibles d'influencer toutes les bourses en Europe comme l'a fait le « Big Bang » en 1986.

L'étude Foresight, menée par Dame Clara Furse, ancien directeur général de la Bourse de Londres, le London Stock Exchange, fait valoir que le trading algorithmique a des avantages, mais présente aussi des risques importants. Selon le rapport, il n'existe pas de « preuve directe » que ce type de trading accroit en lui-même la volatilité des marchés. Mais dans des circonstances particulières, peut se produire une série d'événements ayant des « interactions et des effets non souhaités » et susceptibles de causer de graves dommages.

Des effets secondaires imprévisibles

Parmi ces évènements, il y a les boucles de rétroaction à effet de renforcement, où de petits changements, résultant peut-être de retards dans l'acheminement des données ou de la prise en compte de nouveaux événements, provoquent un retour sur eux-mêmes et entraînent un changement beaucoup plus grand, qui va à nouveau agir sur lui-même. Un autre événement, la normalisation de la déviance, est plus psychologique : des événements inattendus et risqués sont perçus comme de plus en plus normaux, jusqu'à ce que le krach boursier se produise. Bien que limité en capital, le trading algorithmique repose sur des systèmes à ultrafaible latence - installés très prés des bourses - , et présente des risques en terme de liquidité. De plus, du fait d'une meilleure prévisibilité des flux d'ordres, il expose également le marché à des risques de manipulation.

L'étude reconnaît néanmoins que, grâce à ce mode de négociation électronique, la liquidité s'est améliorée, les coûts de transaction sont plus faibles, et l'efficacité du marché est généralement meilleure. Le document explique aussi que les progrès technologiques dans le domaine de l'extraction des informations vont générer plus de demandes pour le trading haute fréquence, mais l'augmentation du nombre d'acteurs va en limiter la rentabilité. En outre, « les systèmes sont de plus en plus «intelligents», et ne favorisent pas la nécessité du développement humain. « Les futurs robots traders seront capables de s'adapter et d'apprendre et pourront se passer en grande partie de l'homme, » indique le rapport. « Dans l'avenir, sur les grandes places financières, on n'aura besoin de beaucoup moins de traders « humains ». »

Mieux réglementer ces pratiques

Le professeur Sir John Beddington, conseiller scientifique pour le gouvernement, écrit dans l'introduction du document: « Alors que la prévalence du trading électronique n'est pas contestée, il existe des points de vue divers quant aux risques et aux avantages qu'il apporte aujourd'hui, et sur la manière dont il pourrait se développer à l'avenir. Mieux comprendre ces enjeux est essentiel, car ils affectent la bonne marche des services financiers et des économies toujours plus vastes, servies par ces systèmes. Les changements, de plus en plus rapides, dans le fonctionnement des marchés financiers, signifient que, dans ce domaine, la prospective est essentielle, d'autant plus s'il devient nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire conséquent. »