"Révolutionnaire", et "magique". Au cours de sa démonstration, Steve Jobs a martelé à plusieurs reprises ces deux mots pour qualifier l'iPad. Pour le visionnaire patron d'Apple, la tablette est l'appareil qu'il manquait à l'univers high-tech puisqu'elle offre les usages traditionnels d'un ordinateur avec le confort d'utilisation d'un terminal à écran tactile. Si elle porte le cachet et tout le savoir-faire d'Apple en matière de conception, cette tablette n'est cependant pas la première du genre. Elle arrive sur le marché après plusieurs tentatives d'imposer une nouvelle catégorie d'ordinateurs personnels. Un concurrent français très discret La société française Archos, spécialisée dans les baladeurs audio/vidéo, a lancé en 2009 deux tablettes tactiles sur le même principe que l'iPad (Archos 5 et Archos 9). Bien salués par la critique à leur sortie, ces deux produits restent toutefois encore discrets. Ces dernières années, Hewlett-Packard, premier vendeur de PC au monde, a également lancé la mode avec des ultra-portables à écran tactile pivotable (comme le HP tx1000), dont la particularité est de pouvoir se rabattre sur le clavier pour se transformer en tablette. Ces appareils pêchaient toutefois par leur ergonomie basée sur une version de Windows Vista peu adaptée à l'usage tactile. Avec un peu plus de réussite, le site marchand Amazon, spécialisé dans la vente de livres et de CD en ligne, a sorti en 2008 le Kindle, un lecteur de livres électroniques. Cette "liseuse", tout comme sa concurrente Reader de Sony, a été spécialement conçue pour consulter des eBook achetés en ligne, mais aussi consulter des documents professionnels, ou des journaux. Au dire d'Amazon, le Kindle a fait un tabac lors des fêtes de Noël. Avec son iPad, Apple offre beaucoup plus qu'une simple ebook reader L'iPad va encore plus loin et remplit la plupart des cases de l'électronique loisirs : Internet, vidéos, photos, livres électroniques, journaux en ligne, jeux-vidéo, traitement de texte, etc. Le tout, dans une interface tactile en couleur, héritée de l'iPhone. Outre son design et sa fluidité, le petit plus de la machine se trouve dans les applications. En se connectant à l'App Store, la boutique virtuelle de l'iPhone, l'iPad offre accès à 140.000 applications (jeux, services, actualités, géolocalisation, etc.). Avec l'iBook Store, la tablette se transformera en bibliothèque numérique. Reste à savoir si le dernier gadget rééditera l'exploit de l'iPhone ou de l'iPod. Les analystes sont tranchés. Pour les convaincus, la magie Apple va une fois de plus opérer, d'autant que l'iPad sera proposé à des tarifs agressifs (à partir de 499 dollars pour la version de base). Pour les plus sceptiques, l'iPad est une machine hybride, à cheval entre deux segments, qui ne répond pas à un besoin spécifique. Une chose est sûre, c'est qu'Apple ne sera pas seul dans l'aventure des tablettes Internet tactile. Son éternel rival Microsoft a fait savoir lors du salon CES de Las Vegas, début janvier, qu'un modèle développé avec HP verrait le jour dans le courant de l'année (voir illustration). D'autres fabricants promettent également leur modèle, comme la firme chinoise Lenovo, qui travaille sur un PC portable à écran tactile escamotable. "Alors que les PC portables se concentrent sur la productivité, et les téléphones mobiles sur la communication, la cible principale des tablettes est le divertissement" estime Jeff Orr, analyste pour le cabinet ABI Research qui estime à 4 millions le nombre de tablettes numériques vendues cette année dans le monde.