Le prix PME de l'innovation numérique pour le développement durable est revenu à Watteco, qui a inventé des micromodules permettant d'échanger des informations entre appareils sur le réseau électrique. Cette utilisation intelligente du concept de courant porteur en ligne laisse entrevoir des possibilités étonnantes : avec des capteurs intégrés dans les appareils électriques, les prises ou les compteurs électriques, Watteco se fait fort de pouvoir indiquer en temps réel la consommation électrique tant au consommateur, pour qu'il adapte ses comportements, qu'au fournisseur, pour qu'il régule au mieux la distribution. La PME sortira d'ailleurs d'ici peu un « barowatt », baromètre de la consommation électrique destiné aux particuliers, qui a fait sensation parmi le public de l'événement. Le prix Entreprise du numérique et développement durable, qui visait à récompenser une démarche « éco-engagée », a été décerné à Alcatel-Lucent, pour son projet de stations de base mobiles alimentées par énergies alternatives (solaire, éolien...). L'équipementier offre ainsi aux opérateurs une solution pour déployer des antennes relais dans des zones jusqu'alors impossibles à couvrir, ou « de rénover leurs sites existants avec des solutions permettant de réduire leur impact environnemental ». Alcatel-Lucent estime qu'il s'agit d'un marché de plus de 100 000 stations à déployer d'ici à 2012, « permettant d'économiser environ 7 millions de tonnes de CO2 par rapport à l'utilisation de groupes électrogènes ou de réseaux électriques classiques ». Mais il s'agit aussi d'une opportunité de business conséquente : ces 100 000 stations représentent quelque « 3 à 5 milliards d'euros ». Le prix Enseignement supérieur et recherche est revenu à l'Ecole des Mines de Nantes, pour le projet Entropy, fruit des travaux de Fabien Hermenier, post-doc, et Jean-Marc Menaud, maître assistant. Le but du logiciel Entropy est de réduire l'empreinte énergétique d'un datacenter grâce à une manipulation très fine des machines virtuelles. La première étape est déjà franchie : il s'agit d'allouer au mieux les ressources, et cela réduirait déjà de moitié la consommation électrique des serveurs. Le logiciel est actuellement testé en ce sens chez Orange, chez Bull et à la Direction générale des finances publiques. Beaucoup plus originale, la seconde étape, en cours, consistera à déplacer les charges des serveurs en fonction de la carte thermique du datacenter, de façon à réduire au maximum les besoins en climatisation. Le jury, qui avait initialement prévu quatre prix, a tout de même décerné un cinquième prix, « coup de coeur », à une start-up qui a su concilier questions environnementales et outils informatiques pour créer un nouveau métier. Fondée en 2007, Greenext a en effet anticipé l'obligation qui sera faite aux industriels et distributeurs d'afficher l'impact environnemental des produits de consommation dès 2011 (loi Grenelle de juillet 2009). La start-up a mis au point à leur intention une méthode de calcul du coût carbone des produits, « en s'appuyant sur une base de données unique comprenant le profil carbone de 500 000 produits de consommation courante ». Il n'est pas sûr que la mention « équivalent CO2 » sur les paquets suscite davantage l'intérêt que celle de la quantité de glucides ou de lipides, mais c'est déjà un début.