A nos lecteurs : cet article est une mise à jour de l'article publié ce matin. Il comprend des citations de spécialistes de ce marché. Le mouvement de concentration se poursuit sans faiblir sur le terrain des applications de gestion financière et de gestion des performances des entreprises (CPM). C'est au tour de Business Objects de révéler un accord définitif pour l'acquisition de l'éditeur français Cartesis, deux mois à peine après l'annonce du rachat d'Hyperion par Oracle, le 1er mars dernier. Business Objects (BO) indique qu'il réglera l'acquisition en numéraire pour un montant total de 225 millions d'euros, soit environ 300 millions de dollars (pour mémoire, Oracle a racheté Hyperion pour 3,3 milliards de dollars). Il est précisé que le rachat devrait être finalisé sous 90 jours. Un rachat prévisible, selon Priscilla Stanley, consultante spécialiste du marché de l'analyse décisionnelle (Business Intelligence, BI) chez PAC : « Nous avions prévu au moins trois grosses acquisitions dans l'année sur le marché de la BI. Celle de Cartesis constitue la deuxième. A qui le tour ? Dans cette optique, Business Objects lui-même est une cible potentielle de rachat, » fait remarquer la consultante. Plus beaucoup de marge de manoeuvre Pour le spécialiste des outils d'analyse décisionnelle qu'est BO, cette acquisition confirme sa stratégie de développement d'une offre de CPM, clairement rappelée, fin mars, avec l'annonce de la création d'un centre d'excellence autour de ce type de solutions. « Cartesis constituait l'acquisition la plus probable pour Business Objects qui clame vouloir devenir numéro un sur le marché du CPM et qui n'avait pas forcément les moyens organiques d'y arriver. » Pour Jean-Michel Franco, directeur des offres internationales chez Business & Decision, l'absorption d'Hyperion par Oracle en mars dernier a évidemment accéléré le cours des choses. « Il n'y avait plus beaucoup de marge de manoeuvre pour Business Objects qui s'est même, dans la foulée, retrouvé un peu chahuté en Bourse. » Certes, l'éditeur avait déjà effectué deux rachats dans le secteur du CPM : en juillet 2005, SRC Software, un acteur de la planification et de l'élaboration budgétaire puis, plus récemment, en septembre 2006, ALG Software, spécialiste de la méthode ABC (Activity Based Costing), deux briques que l'on trouve dans les solutions de gestion des performances des entreprises. « Néanmoins, c'était un peu juste pour devenir un grand acteur du CPM, poursuit Jean-Michel Franco. D'autant que Business Objects était le dernier à avoir bougé dans ce domaine. Cela fait déjà plusieurs années que SAS Institute et Cognos ont renforcé leurs offres en rachetant des éditeurs spécialisés sur ces fonctions ; Cognos en reprenant Adaytum et Frango. Plus récemment, SAP a acquis Pilot Software et ses outils de Scorecarding. » Enfin, Microsoft lui-même s'apprête à sortir son offre de CPM. OutlookSoft, l'un des derniers indépendants du CPM A l'instar de celles d'Hyperion, les offres de Cartesis s'adressent aux directions financières. L'éditeur français est spécialisé depuis son origine dans les solutions de consolidation financière (applications destinées aux groupes devant agréger les comptes de plusieurs filiales). En s'appuyant sur son expertise, il a également développé des applications de CPM (gestion prévisionnelle, reporting), ainsi que des outils de gestion des risques et de contrôle de la conformité réglementaire. Il compte 1 300 clients dans le monde pour un chiffre d'affaires estimé de 100 millions d'euros sur les douze derniers mois. « Ils ont acquis une belle compétence dans ces domaines, rappelle Priscilla Stanley, de PAC. Le marché du CPM se développe, il y a une prise de conscience des utilisateurs de la valeur ajoutée qu'apporte ce type de produits. Jusqu'à présent, les entreprises étaient focalisées sur la gestion. Désormais, elles parlent davantage d'analyse et de simulation. C'est une tendance qui s'accentue depuis deux ou trois ans et qui commence à être mature.(*) » Ce que confirme Jean-Michel Franco : « Le CPM est un marché à fort potentiel. Si les utilisateurs qui disposent d'un outil de reporting sont de plus en plus nombreux, en revanche, les phases de budget se font encore souvent sous Excel. Il y a donc énormément de postes de travail à équiper avec, en outre, l'objectif d'amener la planification dans les directions métiers. » Les directions chargées des ressources humaines commencent notamment à se pencher sur ces outils. « Le CPM est un vrai relais de croissance pour les éditeurs, en particulier les sous-segments de la planification et de l'élaboration budgétaire, reconnaît Priscilla Stanley. Ceux qui n'ont pas encore investi ont tout intérêt à racheter l'un des éditeurs qui restent. D'autant que les outils d'analyse prévisionnelle recourent à des algorithmes très compliqués ; il est donc préférable de racheter un acteur de niche. » Sur le marché, les spécialistes qui restent sont toutefois peu nombreux. Outlooksoft, l'un des principaux indépendants du marché du CPM, est très investi dans les technologies Microsoft. Parmi les autres acteurs, citons aussi le Français AS Group, Applix, ou encore, Allshare, un autre acteur Français. Il y a peut-être aussi des opportunités à dénicher parmi les spécialistes de l'analyse statistique comme Kxen. Récemment, dans ce domaine, le Français Coheris a racheté son compatriote Spad. (*) PAC s'apprête à publier une étude sur le marché de la BI en France.