La Cloudweek de Paris, organisée par Eurocloud, s’est terminée vendredi dernier avec la remise des trophées. L’occasion de faire le point sur la stratégie cloud d’Orange Business Services. Nous nous sommes donc entretenus avec Philippe Laplane, ‎directeur général en charge de l’activité cloud du groupe. En mars 2013, nous avons déjà passé en revu les options d’OBS dans ce domaine avec Vivek Badrinath, l’ancien directeur exécutif d'Orange Business Services  désormais DSI d’Accord. Et depuis l’éclatement du projet Andromède, Cloudwatt, qui a peu convaincu sur le plan technique, a fini par tomber dans l’escarcelle d’Orange qui a repris les parts de Thales et de la Caisse des Dépôts dans l’ex cloud souverain pour l’intégrer à OBS. « Nous proposons aujourd’hui deux plates-formes cloud, VMware d’un coté [solution historique chez France Télécom] et OpenStack avec Cloudwatt pour accompagner les entreprises dans leur transformation progressive avec des solutions hybrides. »

Si le IaaS est donc la brique de base avec 2 streams technologiques, VMware pour s’adapter aux solutions déjà en place chez les clients et OpenStack pour partir sur de nouvelles bases technologiques et financières, le PaaS n’est pas laissé de coté. « Des clients nous demandent de manager des services à leur place. Et pour accompagner certains développements, nous travaillons avec les outils OpenShift et Cloud Foundry ». Interrogé sur le support de la technologie container, le dirigeant nous a simplement confié que « cela adresse aujourd’hui le monde du développement ». Un concurrent direct d’OBS (6 milliards d’euros de CA), le petit poucet OVH (225 millions de revenus en 2014) a déjà annoncé le support de Docker, tout comme Ikoula d’ailleurs avec CoreOS. L’innovation toujours au cœur de stratégie chez Orange. Pour mémoire, Numergy avait dégainé son offre cloud compute sur base OpenStack en juin 2014 et Cloudwatt en urgence (en version béta) le mois suivant.

L'intégration de la dernière chance

Les équipes de Cloudwatt travaillent désormais de manière transversale avec celles d’OBS nous a assuré M. Laplane, pour répondre aux besoins des entreprises. « On a clarifié l’incertitude sur l’avenir de Cloudwatt en les mettant au cœur de notre stratégie. On continue d’ailleurs nos investissements en développant nos offres avec notamment une solution Hadoop as a Service […] Les clients nous disent : on veut du cloud mais le top management insiste pour localiser les ressources en France ». Le cloud dit souverain a donc une carte à faire valoir. Interrogé sur l’hébergement de Cloudwatt à Val de Reuil - pas vraiment bon marché selon l’ancien patron de Cloudwatt Patrick Stark qui cherchait un hébergeur moins cher pour son PRA - M. Laplane nous a simplement indiqué que les conditions commerciales ne sont plus les mêmes depuis l’intégration de la société.

Sur la marché français du cloud, très loin des projections optimistes vendues par les analystes qui ont servies au business plan de Numergy et Cloudwatt, le dirigeant d’OBS confirme une adoption lente : « On n’est pas dans une adoption massive comme dans d’autres régions du globe. On a résolument choisi d’accompagner dans le temps les entreprises. Le business se porte bien mais on a revu les chiffres à la baisse pour faire face à la réalité du marché. Mais nous restons persuadés que la meilleure combinatoire pour les entreprises reste l’association du cloud privé et public. Une grosse partie des applications va aller dans le cloud privé avant d’aller ensuite dans le public avec l’hybridation ».

Un appel d'offre déjà biaisé ? 

Un sujet se prête très bien à cette logique, celui de l’appel d’offre cloud lancé en avril dernier par l’État français. Patrick Badard, responsable du domaine IT au SAE (Service des Achats de l'État) avait expliqué la démarche de l’État lors d’une intervention à la conférence cloud de CIO en février dernier. Nous avions également publié une tribune de Paul Braida, chef du service Opérations pour la mutualisation interministérielle, sur le sujet en mars dernier. Si l’attribution de ce marché est attendue le 20 juillet prochain, des indiscrétions, qui ont laissé la communication de la Disic sans voix, ont donné sans grande surprise OBS vainqueur. Certains prestataires écartés ont tout intérêt à balancer en avant première à la presse le résultat de cet appel d’offre pour exploiter un motif de recours. Le service de presse d'OBS a bien sûr refusé de commenter cette affaire.