Pour soutenir le développement du logiciel Drupal Commerce, son éditeur Commerce Guys vient de lever 5 millions de dollars auprès de trois fonds, Alven Capital, très actif sur le e-commerce en Europe, Open Ocean Capital (qui fut l'un des investisseurs de MySQL AB) et ISAI, qui lui avait déjà apporté des fonds lors de sa création en 2010. Frédéric Plais, CEO de la société franco-américaine, souligne l'importance des outils de CMS dans les applications de commerce électronique. « Le nerf de la guerre sur Internet, c'est le contenu. Il faut sans arrêt modifier les pages, faire interagir les utilisateurs... ». D'où l'intérêt d'apporter un logiciel de e-commerce reposant sur un Drupal à la réputation technique très solide et de cumuler ainsi « un bon positionnement et une crédibilité technique », pointe le dirigeant (*).

Avec l'apport financier qu'il vient de décrocher, l'éditeur Commerce Guys va continuer à investir significativement dans la technologie. « Nous avons fait une boîte à outils qui s'adresse aux développeurs qui connaissent bien Drupal et le PHP », mais l'outil n'est pas aussi abordable pour ceux qui sont moins versés dans le développement. « La marche est trop haute », reconnaît Frédéric Plais. « Nous voulons le rendre plus accessible et nous allons faire des distributions pour les petits intégrateurs et les webmasters freelances ». Pour mettre le pied à l'étrier, Commerce Guys propose déjà Kickstart, utilisé par la moitié des utilisateurs de Drupal Commerce. « Nous pouvons faire beaucoup mieux ». Une deuxième distribution, plus sophistiquée, devrait sortir cet été. Elle permettra à l'éditeur de passer d'un public de « core développers » à une audience de webmasters. L'éditeur a aussi prévu de développer sur son offre des solutions technologiques adaptées au multicanal.

Face à Commerce Guys, Magento ou Hybris

Les fonds levés vont également permettre à Commerce Guys de développer son réseau indirect, aux Etats-Unis et en Europe. L'objectif est de nouer des relations avec les dix principaux partenaires spécialisés sur le e-commerce dans les pays où la société est implantée. Commerce Guys a adopté le modèle économique classique des éditeurs Open Source, centré sur le support, la formation et le consulting. Désormais focalisée sur son métier d'éditeur, la société s'appuie sur deux catégories de partenaires : les intégrateurs et les agences web. En France, elle travaille notamment avec Linagora, Alter Way, Smile et Publicis, mais aussi Capgemini. « Sur les projets, nous avons toujours deux interlocuteurs dans les grandes entreprises, le directeur marketing, qui a un vrai poids, et le DSI, avec des scénarios différents dans chaque compte, d'où l'importance des agences web dans notre modèle ». Parmi ses clients, l'éditeur compte Royal Mail (la Poste britannique) et Mc Donald France. « Il y a beaucoup d'autres sites en cours de fabrication », ajoute le CEO. 

Les 40 collaborateurs de Commerce Guys sont actuellement répartis entre la France (23 à Paris) et les Etats-Unis, où les équipes vont s'étoffer plus rapidement (17 personnes pour l'instant, principalement dans l'Etat du Michigan, auquel s'adjoint un bureau à San Francisco). « Un autre bureau devrait être ouvert au Royaume-Uni dans les prochains mois », complète Frédéric Plais. Pour l'instant, l'éditeur réalise 40% de son chiffre d'affaires en France et 60% à l'international (entre Etats-Unis, Royaume Uni, Suisse, Finlande...).

Parmi ses principaux concurrents figurent des acteurs comme Hybris, sur le marché des éditeurs traditionnels, avec une solution bien placée sur le multicanal. « Nous le rencontrons souvent sur des projets de grande ampleur », reconnaît Frédéric Plais. Sur le terrain Open Source, il cite bien sûr Magento. « Mais son rachat par eBay a bien perturbé sa communauté Open Source », estime-t-il. Interrogé sur les points forts de Commerce Guys, le dirigeant rappelle l'apport des 10 000 modules contribués de Drupal. « Quand vous faites un site en Drupal Commerce, vous bénéficiez de tout cet écosystème. C'est un énorme atout pour nous ». Autre avantage évoqué face à Magento, les capacités d'évolutivité (scalability). « Et puis aussi, la modernité d'un code très récent, très performant ».

(*) Aux Etats-Unis, le CMS Drupal, sur lequel s'appuie le logiciel Drupal Commerce, est derrière CNN.com, Twitter, Facebook ou NYSE, et  en France, des utilisateurs comme Voyages-sncf.com, Radio France ou les sites du Gouvernement l'ont également choisi.