Un nouvel acteur du recrutement IT s'installe en France, le cabinet anglais Progressive. Créé il y a 15 ans, il a la particularité de cumuler du recrutement traditionnel en CDD et CDI et l'embauche de consultants free-lance pour des missions. Il revendique aujourd'hui 1200 consultants sur site via toutes ses implantations (Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne, France, Hollande) et 80 en France. Matthieu Libessart, le responsable de l'activité « mission » fait le point sur un marché qui a radicalement changé au profit des candidats et sur le statut de free lance qui n'est pas forcément plus instable que celui de salarié en SSII. Lemondeinformatique.fr: Vous avez travaillé sur le marché français des free-lance depuis Londres avant d'ouvrir votre bureau parisien. Quelles évolutions constatez-vous depuis le début de l'année ? Matthieu Libessart : Le marché a radicalement changé au profit des candidats. Leur pouvoir de négociation s'est accru. Le rapport de forces avec les employeurs s'est renversé, les profils très convoités ne sont plus disponibles. Un consultant spécialiste en java/J2EE dans le secteur bancaire peut par exemple avoir 5 offres sur la table s'il le souhaite. Cette tendance ne se traduit pas encore en revanche, par une hausse des prix des prestations chez les clients. Les consultants font monter les enchères, mais les clients ne sont pas encore prêts à augmenter leur budget et le taux de facturation journalier. Le marché est encore en phase de transition. Quels sont les profils les plus demandés par vos clients? Quels services proposez-vous aux candidats free-lance? Les profils les plus demandés sont les experts java/J2EE dans le domaine financier. Nous remarquons aussi une grosse pénurie de compétences sur les technologies .net et C#. Une personne ayant un savoir-faire sur ces langages est certaine de commencer très vite une mission. Une compétence sur les EAI (applications d'intégration d'entreprise), comme sur la technologie de l'éditeur WebMethods par exemple, garantit également un placement très rapide. Nous avons enfin beaucoup de demandes de compétences sur Cobol, même si cela semble étonnant, sur MVS (Multiple Virtual Storage, système d'exploitation des grands systèmes « mainframes » d'IBM), les progiciels de gestion Siebel, SAP. Nous proposons des missions dont la durée s'étale de deux mois à un an, avec une durée moyenne de 4 à 5 mois. Sur le plan du service, nous apportons aux candidats notre très bonne connaissance du marché et des opportunités qui se présentent. Huit personnes travaillent sur notre activité mission et chacune a un domaine de spécialité (développement, architecture, EAI, PGI et GRC, infrastructures, réseaux et télécoms, business intelligence, etc). Nous prenons certes une marge sur les contrats que nous leur permettons de conclure, mais ils bénéficient en échange d'une certaine stabilité. Nous rémunérons les free-lance qui travaillent par notre intermédiaire chaque mois comme s'ils étaient salariés, suite à la réception de leur relevé d'activité mensuel signé par le client. Pour définir notre taux de marge, nous appliquons la règle des 80/20. Si nous vendons une prestations 500 E, 400 E reviennent au consultant et 100 E à Progressive. Nous sommes enfin une jeune structure qui fonctionne comme une start-up. Nous travaillons dans l'urgence et mettons beaucoup de moyens pour répondre à la demande de nos clients. En échange, lorsqu'un free-lance s'adresse à nous, nous lui demandons de nous accorder la priorité pendant 24 heures, voire quelques jours. Le statut de free-lance est-il, selon vous, de plus en plus plébiscité par les informaticiens ? Ce statut séduit de plus en plus. Je peux le constater même chez les informaticiens qui sont employés en CDI. Certains y songent car ils sont lassés des contraintes hiérarchiques et y voient la liberté de choisir leurs missions, ce qui n'est pas vraiment possible dans une société de services. Par ailleurs, on trouve pas mal d'hypocrisie sur le marché du recrutement français. Certaines sociétés recrutent en CDI pour répondre à des projets puis font partir les consultants lorsqu'elles n'ont plus de mission pour eux. Ce qui n'apporte pas de stabilité. Parfois, aujourd hui, travailler en freelance ne constitue pas nécessairement une situation plus instable que d'être employé par une société de services.