Dans une étude intitulée « Les difficultés de recrutement en CDI. Trouver le bon profil est un enjeu, surtout dans l'industrie », le Sessi (Service des études et statistiques industrielles, rattaché à la Direction Générale des Entreprises) indique, par la plume d'Elisabeth Rignols, qu'en 2005, près d'un tiers des procédures de recrutement en CDI ont, a posteriori, été considérées comme difficiles par les employeurs, tant dans l'industrie que dans les autres secteurs. Il semble toutefois que les caractéristiques des recrutements soient les mêmes que dans les autres secteurs de l'informatique, mais exacerbés. A commencer par la faible représentativité des femmes. Certes, une large majorité des industriels (60%) qui ont embauché un homme se déclarent indifférents à employer un homme ou une femme. En outre, l'étude s'appuie aussi sur une enquête de la Darès (« Offre d'emploi et recrutements », 2005) qui montre qu'en cas d'embauche d'une femme dans l'industrie, 83% des employeurs déclarent qu'ils auraient embauché indifféremment un homme ou une femme, le chiffre s'élevant à 95% en cas de recrutement jugé difficile. Le Sessi souligne donc que « la forte représentativité des hommes dans l'industrie ne reflète donc peut-être pas une préférence mais pourrait tenir à d'autres facteurs comme une insuffisance des candidatures féminines, liée notamment à l'image des métiers de l'industrie. » Les candidatures de seniors peu appréciées Il n'en est malheureusement pas de même pour les seniors. En effet, l'autre caractéristique présente dans les métiers transversaux de l'industrie et de l'informatique est le problème posé par le recrutement des seniors. Pourtant, l'étude du Sessi montre que dans l'industrie l'expérience prime sur le diplôme. Oui... mais paradoxalement, la difficulté de recrutement s'accompagne d'une faible inclinaison des employeurs à embaucher des seniors. Cette donnée est davantage récurrente dans l'industrie que dans d'autres domaines. « Cela peut s'expliquer aussi bien par des difficultés consécutives à un choix, de la part d'employeurs, de privilégier des candidats moins âgés mais peut également refléter leur souhait de ne pas ajouter de risque à une recrutement déjà difficile en confiant les fonctions à un candidat un peu âgé, » indique le Sessi. Ce constat pose un problème de taille pour les populations d'informaticiens qui vieillissent. Et si la piste de l'industrie devrait être tentée par les informaticiennes soucieuses de découvrir un autre environnement (leur candidature ayant de bonnes chances d'être attentivement examinée), elle semble en revanche fermée aux seniors. Pour ces derniers, le malaise demeure, plus que jamais, palpable : en dépit des appels des différents acteurs (Apec, Syntec Informatique, Munci, ministère du Travail....) à l'emploi des 40 ans et plus, des bonnes intentions affichées par certaines entreprises (lutte contre la discrimination à l'âge et volonté manifeste d'embaucher des seniors) et d'une réflexion politique sur l'allongement de la durée du travail avant l'âge fatidique de la retraite, les seniors semblent toujours exclus. A la fois des SSII où l'on privilégie jeunes diplômés et ingénieurs ayant entre 5 et 10 ans d'expérience, et du monde industriel.