Un début timide pour une loi appliquée a minima: tel est l'impact actuel de l'entrée en vigueur du droit individuel à la formation (DIF) selon l'étude Demos effectuée à l'automne 2006 auprès de 250 entreprises. Et pourtant : trois entreprises sur quatre disent avoir pris leurs dispositions pour informer les salariés à ce sujet entre 2005 et le premier semestre 2006. Mais, a minima, là encore, en insérant cette information dans le dispositif habituel de prise en compte des besoins de formation (entretiens managers-salariés, etc.), avec une mention sur le bulletin de salaire du compte DIF (vingt heures par an). Elles ont, dans une même proportion (74%), précisé la procédure à suivre par les salariés et leur hiérarchie pour faire remonter les demandes. La plupart des DRH mise sur la complémentarité des moyens de faire valoir ces attentes, sans cloisonner les formations relevant du plan annuel et celles relevant du droit individuel. En gardant, de plus, ouverte la possibilité de se former (sous couvert du DIF) pendant ou hors temps de travail, selon le cas. Ainsi, un tiers des entreprises estime avoir adopté une démarche proactive et incitative dans la mise en place de cet accès à la formation censé répondre à des besoins personnels de maintien ou d'évolution des compétences. En fait foi, chez les plus grandes, la mise en place d'un catalogue des formations éligibles au DIF (16% des entreprises). Mais, peine perdue ? Ou dispositif trop contraignant ou trop flou ? L'information diffusée par l'entreprise n'a suscité que peu de questions de la part des salariés (dans 80% des cas, les remontées sont rares ou nulles). Tout juste constate-t-on un début de sensibilisation des salariés qui, jusque là, se montraient peu motivés à se former (dans 25% des entreprises interrogées). Selon le principe fondateur de la réforme qui prône la formation tout au long de la vie, "c'est l'un des objectifs liés à l'introduction du DIF", notent les analystes de Démos ; "et même s'il n'apparaît pas dans la majorité des entreprises, il n'en constitue pas moins l'effet attendu du DIF". Des formations métiers ou transverses Autre signe encourageant : les demandes de formation enregistrées dans le cadre du DIF font preuve d'un certain réalisme. Loin de la caricature d'une montée des demandes de formation gadget, pour convenance personnelle, selon l'étude Démos, les formations sans aucun lien avec l'activité de l'entreprise apparaissent très minoritaires dans les attentes des salariés. Celles-ci s'orientent principalement vers des formations métiers, dans des domaines techniques liés au métier exercé (12%), ou des domaines non liés au métier exercé mais correspondant à des activités de l'entreprise (14%), avec une montée des besoins de perfectionnement en langues (10%), en bureautique (10%), en informatique (12%) et une attente de développement personnel (12%). Ce bilan et les perspectives de montée en charge du DIF (60% des entreprises pensent avoir à y faire face dès 2007), ainsi que les bonnes pratiques, en termes de financement, d'organisation, d'implication du management de relations avec les partenaires sociaux, font l'objet d'une journée de réflexion, le 15 mars à Paris, organisée par l'institut Demos.