Le document "vision prospective" évoque le recours à la flexibilité comme levier du développement de l'emploi. Je cite, « la flexibilité n'étant pas synonyme de précarité, la Branche soutiendra toute initiative qui desserrera l'étau qui contraint la démarche d'entreprise et la création d'emploi ». La Branche envisage-t-elle de proposer un contrat de mission comme en 2003 ? Alain Donzeaud: Tout ce que nous prévoyons de faire est notamment écrit dans ce document. Notre branche dit ce qu'elle fait et fait ce qu'elle dit. Ce qui n'est pas écrit n'est pas à discuter et ne sera pas proposé, y compris un éventuel contrat de mission. Lorsque nous évoquons la flexibilité, nous faisons référence aux actions que mettront en oeuvre les salariés et les employeurs pour trouver les moyens de réaliser en permanence l'adéquation entre les compétences et les besoins d'emploi dans l'entreprise et sur le marché. Elles concernent des domaines tels que la formation et l'aménagement du temps de travail par exemple, sachant que toute décision est prise en négociation avec les partenaires sociaux. La branche a démontré sa volonté de dialogue à ce niveau. Syntec mentionne l'éventualité d'adapter le contrat d'emploi export (*) au sein de la Branche. Pourquoi faites-vous cette proposition? La finalité de nos entreprises est de gagner des parts de marché en France et à l'étranger, notamment pour créer des emplois. Notre mission est de les aider à réaliser ces objectifs. Dans ce cadre, sachant que la loi a instauré un contrat emploi export (loi du 18 janvier 2005, NDLR) il nous appartient d'étudier s'il peut être intéressant pour nos entreprises et le cas échéant quels aménagements peuvent être effectués pour l'appliquer. Nous pensons que le contrat emploi export peut être intéressant pour une PME qui a besoin d'embaucher quelqu'un pour prospecter un marché à l'étranger sans être sûre que ce dernier sera porteur d'activité et conduira à pérenniser cet emploi. Si ce n'est pas le cas, elle peut offrir davantage de garanties à la personne concernée lorsque sa mission s'arrête que si elle l'avait embauchée en CDD. Ce contrat présente donc un intérêt pour les deux parties. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons le proposer. Notre intention n'est absolument pas de construire de la précarité. Un tel projet serait suicidaire. Comme pour les autres mesures, nous soumettrons de toute façon cette proposition à la discussion avec les partenaires sociaux. Vous mentionnez la mise en place de dispositifs d'accompagnement des pouvoirs publics dans des démarches tels que le Small Business Act? De quoi s'agit-il ? D'actions particulières en faveur des PME ? Oui nous pensons qu'il faut prendre des mesures pour soutenir les PME. En effet, la création d'emploi se fera essentiellement dans ces entreprises qui portent une partie de l'innovation. Or, elles sont confrontées aux politiques de référencement des grands groupes qui se focalisent sur une poignée de grands fournisseurs. Il faut donc les soutenir et les aider à développer leur activité par des mesures spécifiques par exemple sur le plan fiscal et sur le plan de l'emploi. Globalement, Syntec informatique soutient les actions des pouvoirs publics qui vont en ce sens, comme le pacte PME (www.pactepme.org) ou l'idée de la création d'un small business act (texte fondateur de la politique américaine d'aide aux PME, NDLR) européen. Elle pourrait mettre en place des « comités innovation et recherche » par métiers pour recenser toute démarche innovante dans ses entreprises et faciliter la diffusion des expériences et des bonnes pratiques notamment en direction des PME. La lutte contre la discrimination à l'embauche est aussi l'un de vos axes d'action en matière d'emploi. Vous mentionnez notamment la nécessité de jouer un rôle de surveillance dans ce domaine. Comment est-ce possible ? Nous sommes fiers du côté « pluriel » de la population de nos entreprises qui comptent beaucoup de diversité ethnique. Nous ne nous revendiquons pas comme un exemple en terme d'accueil de la diversité, mais nous ne sommes pas non plus un contre-exemple. Nous pensons que cet état de fait constitue même l'une de nos particularités et peut nous permettre d'être un véhicule d'intégration. Nous avons donc l'ambition d'être un acteur engagé sur ce sujet. Il nous faut discuter avec nos partenaires sur les modalités d'application de ce projet. Il sera évidemment difficile de jouer un vrai rôle de surveillance auprès de nos membres mais nous souhaitons mettre en place et diffuser un recueil de bonnes pratiques dans ce domaine afin de prôner l'exemplarité. (*) Le contrat emploi export a été instauré par la loi de cohésion sociale du 18 janvier 2005. Il permet au dirigeant d'une PME d'embaucher un collaborateur pour une mission tournée vers l'exportation juste pendant la durée nécessaire à sa réalisation.