Un an après avoir acquis la division PC d'IBM, le chinois Lenovo se déclare prêt à passer à une phase offensive et à s'emparer de nouveaux marchés. "Si nous considérons la première phase de l'acquisition comme une phase défensive, estime Yang Yuanquing, le président de Lenovo, nous allons devenir dès maintenant de plus en plus agressifs pour étendre notre activité et le nombre de nos clients". Le 8 décembre 2004n le groupe annonçait son intention de racheter la division PC d'IBM pour 1,75 Md$. Une initiative qui marquait la première acquisition d'envergure par un constructeur chinois et plaçait Lenovo sous les feux des projecteurs, faisant de la société le symbole d'une Chine dynamique et confiante en sa forte croissance. Certains observateurs se montraient cependant frileux et prédisaient à cet achat un demi-succès, voire un échec total, citant la fusion HP/Compaq comme exemple des difficultés inhérentes aux acquisitions d'envergure. D'autres pointaient du doigt les différences culturelles et l'expérience limitée de Lenovo hors de la Chine. Les concurrents directs du groupe chinois ont profité de ces débats pour tenter de semer le trouble chez les consommateurs. Ainsi, Michael Dell, patron de la marque éponyme, donnait peu de chances de réussite au coup réalisé par le chinois : "quand avez-vous observé une fusion ou une acquisition réussie pour la dernière fois dans l'industrie IT ? Cela n'a jamais existé, ou alors il y a très, très longtemps", affirmait-il en décembre 2004. Un an plus tard, Lenovo a montré à ses détracteurs qu'ils se trompaient. Le groupe continue en effet à engranger les bénéfices et à se développer sur ses marchés clés. Durant la première phase de l'acquisition, le but de la société était essentiellement de conserver une activité stable et d'inciter les clients, les partenaires et les employés à maintenir la confiance qu'ils portaient en l'avenir du groupe. Une fois ce but atteint, Lenovo entend désormais concentrer ses efforts à étendre sa présence sur le marché mondial du PC, tout en poursuivant à accumuler les bénéfices. "Nous allons gagner de l'argent mais nous ne nous focalisons pas sur le profit. Notre but est avant tout la croissance", précise Yang Yuanqing. Selon lui, cette nouvelle phase devrait durer deux ans. "Après ça, ce sera peut-être le bon moment pour parler de suucès". Lenovo compte tirer une grande partie de sa croissance des marchés émergents, Chine et Inde en tête. Mais le repreneur des PC IBM veut également être présent dans les économies matures, comme les Etats-Unis et l'Europe occidentale, où il entend se concentrer sur les PME et le grand public. Dès le début 2006, Lenovo présentera sous sa marque des PC de bureau destinés aux PME américaines et européennes. Des modèles pour le grand public suivront au second semestre. Pour Marvin Lo, analyste chez BNP Paribas à Hong-Kong, pénétrer les marché américain des PME sera ardu et nécessitera de la part de Lenovo davantage de dépenses marketing. "Je sais que l'un de nos concurrents a dit n'avoir jamais vu d'acquisition couronnée de succès dans ce type d'industrie, conclut Yang Yuanqing. J'espère pouvoir lui montrer le premier achat réussi".