Adobe a annoncé son intention de soumettre son format PDF au vote de l'ISO, afin de lui conférer le statut de standard international. Standard de facto, le Portable Document Format est largement utilisé, grâce notamment à la généralisation de son lecteur gratuit, multi-OS et (de moins en moins) léger. Dans une conférence de presse téléphonique, Pam Deziel, directrice marketing produits d'Adobe, a ainsi invité les journalistes à effectuer un « test non scientifique : une requête de documents PDF sur Google » pour évaluer la diffusion du format. Test effectué, le moteur retourne 271 millions de liens. Avec une telle emprise, Adobe aurait pu se contenter de rester sur sa stratégie actuelle, avec un format propriétaire mais « ouvert » au sens de documenté (ce qui permet de développer des générateurs de PDF sans payer de royalties). Il semble toutefois que les discussions sur les formats ouverts, nées principalement de la diffusion des concepts de l'Open Source, aient provoqué une prise de conscience chez les utilisateurs. « De plus en plus d'administrations et d'industries spécifient qu'ils veulent un standard ouvert », a indiqué Pam Deziel. « Ouvert », dans le sens cette fois d'un format dont les spécifications dépendent d'une institution internationale indépendante. Un contre-feu avant l'arrivée de Microsoft XPS Pour Robert Raïola, directeur marketing senior pour Adobe Europe, ce mouvement vers les formats ouverts s'inscrit dans la continuité de ce qu'Adobe pratiquait déjà avec des sous-ensembles de PDF. PDF/A (format d'archive) et PDF/X (pour des échanges) sont ainsi déjà des standards ISO, et deux autres formats dérivés sont en cours de normalisation. La soumission de l'ensemble du format représente donc « l'étape naturelle suivante ». « Ces dernières années, explique Robert Raïola, il y a eu une grande accélération de l'usage du PDF par les grandes administrations pour les projets de mise en relation avec les citoyens. Tant pour les administrations centrales que pour les collectivités territoriales. Nous n'allions pas encore soumettre un sous-ensemble pour ce type d'utilisation. » C'est donc le format entier qui cette fois est soumis à la standardisation formelle, ce qui est aussi une manière de couper l'herbe sous le pied de Microsoft et de ses velléités d'imposer un nouveau format d'échange de documents, basé sur XML : XPS. « Là c'est clair, s'amuse Robert Raïola, non seulement PDF est un standard de fait, mais en plus il est normalisé. » Aucune intention de faire de même pour Flash Bien évidemment, la soumission à l'ISO implique qu'Adobe perdra le contrôle des évolutions du format, même si l'éditeur compte bien participer à ses futurs développements. Cette perte de contrôle ne l'inquiète pas. « Après 13 ans d'évolutions, explique Robert Raïola, PDF est capable de véhiculer n'importe quel type de contenu de façon fiable et sécurisée, il y a donc peu d'urgence sur les futures évolutions. » A l'inverse, Adobe n'envisage toujours pas de proposer Flash comme standard ouvert. « Il s'agit d'une technologie Internet, lequel est en mutation rapide, ce serait donc négatif pour le format, car il pourrait avoir besoin d'évoluer rapidement dans les trois ou quatre ans à venir. Le format a beaucoup évolué ces dernières années, et il y a encore beaucoup à faire, nous avons plein d'idées dans les labos. »