A peine SAP a-t-il relevé la tête, après une difficile année 2009, qu'il remet les gaz. L'éditeur allemand de solutions de gestion vient d'annoncer la deuxième acquisition la plus importante de son histoire. Il jette cette fois son dévolu sur Sybase, éditeur de bases de données qui s'est diversifié avec succès dans les technologies mobiles. La proposition de rachat s'élève à 5,8 milliards de dollars, ce qui valorise l'action de Sybase à 65 dollars, soit un bonus de 44% comparé à sa cotation moyenne des trois derniers mois, souligne SAP. Le Californien Sybase a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 1,171 milliards de dollars, en progression de 3,4% par rapport à 2008.
Le conseil d'administration de Sybase a approuvé de façon unanime la proposition qui doit maintenant être acceptée par les autorités de régulation. John Chen (photo ci-dessus), l'actuel PDG de Sybase, devrait se voir proposer d'entrer au conseil d'administration de SAP, comme cela fut offert en 2008 à Bernard Liautaud, fondateur de Business Objects. En octobre 2007, l'offre amicale sur Business Objects s'était élevée à 6,8 milliards de dollars (4,8 milliards d'euros). Entre temps, SAP a procédé à plusieurs rachats plus modestes, ciblés sur des domaines lui permettant de compléter son offre fonctionnelle ou de la renforcer(*).

Doper l'analyse décisionnelle avec le "In-memory"


L'intérêt que SAP montre aujourd'hui pour Sybase n'est pas tellement une surprise. Voilà plusieurs mois que l'éditeur de Walldorf multiplie avec le fournisseur américain des partenariats autour des technologies mobiles. Le dernier accord en date remonte à quelques mois et la mobilité constitue un des sujets phares de SAP en ce moment. Mais Sybase est d'abord un éditeur de base de données (cette division représente toujours 70% de ses revenus) avec, là aussi, une particularité qui retient l'attention de SAP. Depuis longtemps, Sybase s'est fait une spécialité des technologies « in-memory » qui permettent d'optimiser les temps de traitement dans les applications décisionnelles. Sa base Sybase IQ qui stocke les données « en colonnes » a largement fait ses preuves dans ce domaine, et l'éditeur vient aussi d'apporter le « in-memory » à sa base traditionnelle ASE (Adaptive Server Enterprise).  Or, ces fonctions intéressent au plus haut point SAP qui a réalisé ses propres développements en la matière, les a déjà mis en oeuvre dans son produit Explorer et promet depuis plusieurs mois l'arrivée d'autres avancées remarquables dans le domaine de l'analyse de données en temps réel.

Sybase restera autonome


Sybase va toutefois rester une entité autonome, sous le nom de « Sybase, an SAP Company » et SAP ne modifiera pas sa stratégie en termes de base de données vis-à-vis de ses clients. Il continuera bien évidemment à supporter les grandes bases de données qu'il exploite aujourd'hui, Oracle en tête, mais aussi DB2 et SQL Server.