Ted Kennedy est mort. Son collègue au Sénat américain, Robert Byrd, aussi. C'est du moins ce qu'ont affirmé les articles de Wikipedia consacrés à ces personnalités, avant que des internautes ne s'empressent de faire disparaître ces informations erronées et de rétablir la vérité : ces deux célébrités vivent toujours. Face à des erreurs qui se multiplient et érodent la légitimité de Wikipedia, son fondateur a décidé de réagir. Si la célérité des utilisateurs de l'encyclopédie libre a permis de ne laisser les informations fallacieuses que quelques minutes en ligne, ces deux exemples mettent en lumière les errements auxquels Wikipedia est immanquablement sujet. Puisque le service permet à quiconque d'apporter sa contribution, il autorise automatiquement la mise en ligne de contenu erroné. C'est ce qu'avaient démontré des étudiants de Sciences Po en 2007, dans le cadre d'un travail conduit par leur professeur Pierre Assouline. La modération a priori, déjà expérimentée pour les germanophones Pour que la crédibilité de Wikipedia ne s'en trouve pas trop écornée, l'encyclopédie envisage une validation obligatoire des modifications soumises sur certains types d'articles. Dans ce système, préconisé par Jimmy Wales, le fondateur de Wikipedia, tous les utilisateurs continueraient d'avoir le droit d'amender les articles, mais ces modifications seraient placées dans une file d'attente. Charge ensuite à des 'éditeurs de confiance' d'approuver les changements proposés avant que ceux-ci ne soient effectivement mis en ligne. Un tel système est déjà en cours d'évaluation sur la version germanophone de l'encyclopédie. Les délais de mise en ligne des corrections s'en trouvent largement allongés - il faut parfois compter trois semaines avant de voir une modification validée - mais Jimmy Wales estime qu'en assermentant suffisamment de super-utilisateurs, ce laps de temps pourrait ne pas dépasser une semaine. Avec ce dispositif, dit 'Flagged revision', « les inepties [concernant Ted Kennedy et Robert Byrd] auraient été évitées à 100% », argumente Jimmy Wales. Soucieux de conserver son principe de fonctionnement reposant sur les contributions des internautes, Wikipedia a mis en place une consultation pour recueillir leur sentiment sur ce procédé. Pour l'heure, 60% des participants se sont prononcés en sa faveur.