Il ne fait plus guère de doute que la Commission européenne sanctionnera Microsoft à l'issue de son enquête sur l'abus de position dominante tirée de l'inclusion d'Internet Explorer dans Windows. Bruxelles, qui avait « apporté la preuve », en début d'année, que la vente liée des deux produits constituait un obstacle à la concurrence, vient de consulter plusieurs constructeurs de PC. A travers un document leur posant une dizaine de questions, l'exécutif européen interroge les fabricants sur deux points d'importance : comment imaginent-ils l'écran grâce auquel les utilisateurs de Windows pourront choisir leur navigateur ; ont-ils subi des pressions de la part de Microsoft ? Le premier thème ne surprend pas : il s'inscrit dans la lignée des sanctions évoquées pour insuffler davantage de concurrence sur le marché des navigateurs. Plutôt que de laisser IE profiter de l'hégémonie de Windows, l'UE envisage ainsi de laisser les consommateurs choisir leur 'browser' dès le premier lancement de Windows. Les constructeurs de PC sont donc invités à indiquer quels navigateurs devraient se trouver dans la liste proposée, quelle allure doit prendre cette liste, comment les utilisateurs feront-ils leur choix (pré-chargement des navigateurs ou simples liens vers les sites des éditeurs), etc. L'autre aspect du formulaire adressé par Bruxelles aux constructeurs est plus étonnant. A travers trois questions, la Commission européenne cherche à savoir si Microsoft a exercé des pressions sur les fabricants dans le cadre de ce dossier. Le simple fait de soulever ces interrogations illustre inévitablement les doutes, voire les soupçons de l'exécutif communautaire à l'encontre de l'éditeur. Celui-ci serait notamment suspecté d'avoir incité un ou plusieurs constructeurs à critiquer le projet de Bruxelles d'intégrer d'autres navigateurs qu'IE dans Windows.