Le monde Informatique : La concurrence est très active en matière de virtualisation du stockage, comment parvenez-vous à faire la différence ?

George Teixeira. Les plus grands compétiteurs sont pour nous HP 3Par, EMC Vplex/Vipr, et IBM Elastic Storage. Le gros avantage de Datacore c’est d’être une solution logicielle indépendante du matériel, mais nous fournissons aussi du clustering. Comparé à des produits comme VMware vSan on a seulement besoin de deux nœuds pour faire du meilleur clustering haute disponibilité. De leur côté, VMware ou Nutanix nécessitent au moins trois fois plus de serveurs pour faire le boulot.

Quels sont les points forts de SanSymhony 10 ?

Concernant SanSymphony 10, nous avons annoncé trois grandes choses. La première est nous avons la possibilité de faire ce que nous appelons du Random Write Accelerator, et que l’on peut obtenir jusqu’à 30 fois plus de performance en termes d’écriture sur disque, ce qui est une performance aussi bonne voire meilleure que celle obtenue sur certains SSD. Tout le monde dit que la flash va remplacer les disques durs mais la réalité c’est qu’il y a des millions de ces disques et que cela va prendre du temps pour les changer. Les entreprises n’ont pas à payer le prix le plus cher pour avoir plus de performances I/O.

La seconde est que l’on a doublé le nombre de nœuds qui passe de 32 à 64 maintenant. Ce qui est important avec les Virtual SAN est que l’on peut supporter 64 Po de capacité, une centaine de millions d’I/O, soit bien plus que ce que les gens ont besoin. On peut aussi affecter et créer des domaines dans l’organisation avec SanSymphony pour du stockage par département, on fournit aussi une gestion centrale du stockage permettant de gérer ensemble n’importe quel hyperviseur, et de faire tourner une charge de travail aussi bien sur de la flash que sur du disque disque, ou si je veux l’utiliser pour du back up, je peux le déplacer vers le cloud. Notre logiciel peut migrer et s’adapter à tous ces cas.

Enfin, SanSymphony garantit que mes données protégées sur le disque sont hautement accessibles et permet de créer une qualité de service pour contrôler et ajuster l’importance des priorités en fonction de la performance. La virtualisation du stockage était auparavant centré uniquement sur l’abstraction du disque, mais aujourd’hui on va bien plus loin avec du monitoring, de l’auto migration, du tiering, du SLA…

Un de vos concurrents, SolarWinds, s’est positionné dans le monitoring cloud en rachetant Librato. Pensez-vous que c’est un chemin que vous devez empruntez ? Est-ce une menace pour vous ou une opportunité pour vous positionner ?

Vous savez, Librato est davantage positionné sur le cloud. Aujourd’hui Datacore s’interface avec Openstack, Powershell, et les systèmes RESTful et de mon point de vue, ce type de solution est  complémentaire à ce que l’on fait. Datacore monitore ce qui se passe sur la flash, le disque, et tout ce qui se passe dans tout le domaine du stockage.

Il n’y a pas si longtemps encore, vous étiez assez réservé sur la déduplication primaire. Avez-vous aujourd’hui changé d’avis ?

La raison est que la plupart des personnes qui font de la déduplication ne la font pas pour des workloads en environnement de production, mais pour de la sauvegarde. Or toutes les solutions de cloud et de sauvegarde ont maintenant de la déduplication. Datacore également aujourd’hui. Auparavant, essayer de faire de la déduplication dans un environnement de production, par exemple appliquée à de la base de données, n’était pas possible, mais aujourd’hui c’est possible et de la programmer tous les jours, toutes les heures…

Datacore est une entreprise connue pour prendre son temps en matière de développement. Ne pensez-vous pas que cela puisse être considéré comme un frein pour certains clients ?

Le plus important pour nous, c’est de ne pas faire la course aux fonctions. Nous avons déjà tout : la déduplication, le mirroring, le meta clustering, la réplication, le snapshot… La prochaine étape sera de rendre tout cela invisible, car l’utilisateur se fiche de tout cela. Les fonctions stockage deviennent aujourd’hui automatisées, et l’automatisation est justement une priorité pour nous aujourd’hui. Ensuite la seconde chose c’est la virtualisation d’I/O. Le problème c’est que les workloads ont tout à gagner d’être proches des apps, d’autres alloués dans le SAN ou le cloud. Aujourd’hui nous avons à paramétrer des profils de stockage dans le flash, mais demain cela sera dans des conteneurs de stockage. Tout le monde se fiche de savoir où se situe l’automatisation des I/O et si elle tourne dans un conteneur ou au niveau stockage objet.

L’année dernière, EMC a présenté son projet Liberty qui pourrait vous menacer : avez-vous pris aujourd’hui les devants pour y faire face ?  

Ils ont une couche logicelle et disent que cela peut marcher avec tout. Or si vous regardez de près, cela marche surtout avec les produits EMC. La stratégie est de vouloir toujours faire acheter des baies aux clients. Dans Datacore, ce que l’on fait avec Dell, Fujitsu et avec Huawei, c’est d’amener tous les services de stockage au niveau logiciel, en embarquant du provisionning d’I/O. On se fiche des baies qu’il y a derrière.  La grosse tendance, c’est que les serveurs auourd’hui sont si rapides que l’on peut utiliser n’importe lequel pour profiter de la performance de Datacore.

Quels sont les avantages de la solution mixte que vous avez annoncée avec Huawei au Cebit 2015 ?  

Les clients veulent un matériel très innovant, Huawei est une société incroyable qui pèse plus de 40 milliards de dollars et qui connaît une très forte croissance. Dans le futur qui sait, ils nous rachèteront peut être.  Huawei vend du stockage serveur et vient avec un système complet, qui permet avec Datacore de devenir une solution Software Defined Storage et hyperconvergée. Ils avaient déjà du SDN, de la puisssance de calcul  et de la virtualisation avec HyperV ou ESX et maintenant la dimension stockage. Huawei va nous permettre d’assurer aussi la croissance de Datacore à l’international, en Europe notamment. Aujourd’hui nous réalisons 70% de notre business en dehors des Etats-Unis et sommes présents sur 10 000 sites clients avec 25 000 licences déployées.

En 2011 vous avez refusé une offre de rachat à 500 millions de dollars. En 2014, combien d’offres avez-vous refusé et pour quel montant ?

Nous avons  reçu des offres mais nous continuons à croire dans la croissance de notre business. Pour être honnête, je ne peux pas vous donner de montant. Le SDS et le virtual SAN sont de gros marchés, et aujourd’hui chaque constructeur de serveurs veut racheter une société comme Datacore. Si l’occasion se présente, je veux m’assurer d’abord que c’est bon pour l’entreprise, les clients et les actionnaires.