La société de services informatiques Arès a donc finalement déposé le bilan. C'est ce qui a été annoncé hier, jeudi 25 novembre au Comité d'entreprise. Juste avant, l'entreprise avait annoncé une énième cession d'actifs : l'activité Innovation & Design a été revendue in extremis à Prodware, qui génère cette année un chiffre d'affaires de 18 millions d'euros.

« Notre première préoccupation, c'est logiquement la situation des 549 salariés que compte toujours l'entreprise, explique Mina Chibchib, déléguée syndicale CFDT d'Arès. Ils ne recevront pas leur salaire ce mois-ci. Les événements se sont précipités ces derniers jours alors que la direction continuait d'affirmer qu'elle privilégiait la poursuite de l'activité. En l'état, nous avons été pris de cours et tout laisse à penser que ce dépôt de bilan va conduire très rapidement à une déclaration de cessation de paiement, suivie d'une liquidation judiciaire ».

Et après ? « La direction nous a fait comprendre que GFI reprendrait l'activité après ces procédures. Dans l'absolu, nous n'y sommes pas opposés, mais nous avons pris un avocat car la procédure doit être respectée et il est normal que plusieurs repreneurs puissent poser leur candidature et fassent des propositions sur le nombre d'emplois sauvegardés ».

De 549 à une centaine ?

C'est notamment ce point qui choque la déléguée syndicale : les négociations avec GFI semblent tellement avancées que la cession semble avoir été préparée depuis des mois, en dehors du processus réglementaire. « Une information, notamment, nous conduit à nous interroger sur le respect de la procédure : l'ancien PDG d'Ares, Michel Berjamin, a reconnu qu'il allait intégrer la direction de GFI, dont les dirigeants seront présents dans nos locaux dès le 6 décembre. On peut légitimement se poser des questions. »
Concrètement, cette issue n'est pas une réelle surprise, dans la mesure où l'entreprise n'a pas cessé de vendre des activités depuis qu'elle avait été placée en redressement judiciaire en 2008. L'entreprise ne représente plus qu'un dixième de ce qu'elle pesait alors. Par contre, le CE se demande s'il est bien normal qu'une entreprise qui sait qu'elle va déposer son bilan et s'apprête à faire sa déclaration de cessation de paiement (DCP) puisse encore céder des actifs.

La procédure va s'accélérer à partir de la semaine prochaine. Conclusion de Michel Berjamin : « Nous étions à deux doigts de réussir notre retournement! Nos taux d'activité sont bons, nos collaborateurs compétents, nos clients fidèles et satisfaits (nous recevons déjà beaucoup de témoignages  de soutien de nos clients). Malgré cela la dette est très lourde (23 M€), les capitaux propres négatifs (- 18 M€) et le résultat de cette année encore négatif (...). Malheureusement, la fin de l'histoire est funeste pour Ares, pourtant je
n'ai aucun doute sur le fait que notre activité intéresse un grand nombre d'acteurs de la place et trouvera facilement repreneur ;  tous tournent  déjà autour de nous depuis un moment : les actifs oui ! les passifs non ! C'est la loi du genre et c'est la vie des écosystèmes. »
Le constat est fataliste, mais édifiant.

Illustration : Michel Berjamin, PDG d'Arès (crédit photo : D.R.)