Moins 10%. Le chiffre claque comme une sanction après l'annonce par SAP de ses pré-résultats 2006. L'éditeur allemand de progiciels a fortement déçu en publiant des chiffres largement en retrait par rapport aux attentes des analystes et à ses propres projections, pourtant effectuées il y seulement trois mois. Ainsi, alors que le groupe d'outre-Rhin prévoyait, au mois d'octobre, des ventes de licences comprises entre 15 et 17% pour l'ensemble de l'exercice 2006, il vient d'annoncer que ce taux n'atteindrait finalement que 11%, soit un chiffre d'affaires de 3,10 Md€. Sur le seul quatrième trimestre, les ventes de licences n'augmentent que de 7%, à 1,26 Md€, bien loin du consensus des analystes, qui s'établissait à 1,35 Md€. C'est donc un véritable double échec pour SAP : non seulement le groupe a failli sur un indicateur d'autant plus important - et suivi par les analystes avec attention - qu'il est révélateur de la santé à court terme de l'entreprise, mais il s'est montré en outre incapable de prévoir, trois mois à l'avance, quel serait l'état de ses revenus. A la décharge de SAP, les résultats des trois premiers trimestres pouvaient laisser augurer une belle fin d'année. C'était sans compter sur une dernière période noire : les ventes de produits n'augmentent que de 8% entre le troisième et le quatrième trimestre ; le chiffre d'affaires total progresse, quant à lui, de 7%. Accident de parcours ou début d'une période noire ? SAP n'a pas fourni d'explication permettant de comprendre ces piètres résultats, d'estimer qu'ils ne constituent qu'un simple accident de parcours ou, au contraire, qu'ils s'inscrivent dans une tendance plus globale touchant le secteur des applications d'entreprises. Rappelons qu'Oracle, un des principaux concurrents de SAP, avait également déçu le mois dernier sur ses ventes de licences. Nuançons cependant ces constatations en soulignant que, si les prévisions ne sont pas atteintes, les éditeurs parviennent tout de même à réaliser une croissance supérieure à 10%. C'est néanmoins insuffisant pour les actionnaires. En réaction, ils se sont ainsi rués vers les places de marché pour échanger leurs titres. De fait, l'action SAP enregistre une vertigineuse chute de plus de 10%, la plus importante enregistrée par l'éditeur en quatre ans. Dans la foulée, et également en conséquence de l'avertissement lancé par AMD sur ses résultats, de nombreux acteurs IT voyaient la valeur de leur titre reculer également. Il en allait ainsi pour Atos, Capgemini, STMicro, Dassault Systèmes, ou Soitec, le fournisseur d'AMD. Pour remonter la pente, SAP devrait pouvoir compter sur son PDG Henning Kagermann. Son contrat expire en décembre 2007 mais devrait être renouvelé pour au moins une année supplémentaire. C'est du moins le souhait du conseil de surveillance qui souhaite faire prolonger le bail de celui qui dirige le groupe depuis 1993 et qui a fêté ses 60 ans en juin 2006. La décision devrait être prise en février.