1 - Des pouvoirs très flous

Avant d'étudier dossier par dossier, les politiques numériques, il n'est pas inutile de faire un peu de géopolitique ministérielle. Fleur Pellerin était ministre déléguée, Axelle Lemaire est secrétaire d'Etat. Peu de différences en fait, elles dépendent du même ministre, Arnaud Montebourg. Leur département ministériel est donc, assez logiquement, dans un rapport de subordination à la politique industrielle globale.

Sauf que leur ministre de tutelle est encore plus puissant que sous le précédent gouvernement, il est passé de ministre du redressement industriel à ministre de l'économie, du redressement industriel et du numérique. Il s'octroie donc la moitié de Bercy et le numérique. La dépendance est encore plus forte pour la secrétaire d'Etat qui n'a que peu d'attributions en propre. Elle ne dirige pas d'administration. Elle parle. Et c'est là son principal écueil. Elle s'exprime sur des sujets où elle n'a pas forcément la décision, souvent pour porter une parole encore plus élevée. Fleur Pellerin illustrait le projet Très haut débit du Président de la République, elle se rendait à l'étranger porter la French Tech pour calmer les colères de nos start-ups, mais sans lien avec les administrations  du commerce extérieur, sans lien non plus avec l'administration fiscale.

Bref, un ministère largement sans pouvoir. Fleur Pellerin a su exister en devenant la porte-parole du numérique, avec une double écoute, très forte des professionnels et toute aussi attentive du chef de l'Etat. Problème, le ministre de tutelle défendait dans le même temps une autre vision, plus protectionniste et d'autres priorités. L'une portait le projet Très haut débit ou la 4G, l'autre complétait, « à condition de favoriser les industriels français et l'emploi ». Ce qui a provoqué des étincelles au départ et s'est transformé ensuite en synthèse, parfois harmonieuse, parfois chaotique.

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