Les situations de crise amènent les citoyens à revoir leurs principes et certains sont prêts à accepter des choses qu’ils auraient refusé en temps normal. Un sondage Odoxa pour SAP révèle que désormais que si les Français sont toujours scindés sur la question de la reconnaissance faciale (51% pour et 47% s’y opposant), ils sont cependant très favorables à l’usage d’autres technologies liées à l’intelligence artificielle. 79% d’entre eux jugent que la France doit utiliser des caméras thermiques pour détecter la fièvre de personnes et les prévenir d’une éventuelle contamination. Près de 6 Français sur 10 (58%) jugent que les autorités doivent aussi avoir recours au big data pour mesurer, anticiper et modéliser les risques de contamination. Et près de 70% d’entre eux jugent que la France n’utilise pas assez les technologies numériques pour enrayer l’épidémie.

L’idée du tracking est majoritairement bien perçue. Pendant que Google et Apple unissent leurs forces sur ce sujet, le gouvernement évoque depuis quelques jours le recours à l'application StopCovid pour permettre à ceux qui l’auraient volontairement téléchargée de savoir où sont passées des personnes contaminées et de les alerter grâce à un système Bluetooth de la contamination de personnes qu’elles ont côtoyées. Selon le sondage Odoxa, 62% des Français téléchargeraient l’application. Et cela quels que soient l’âge ou la catégorie socio-professionnelle. 72% des 18-24 ans et 52% des plus de 65 ans sont pour ce genre d’application, ainsi que 56% des ouvriers et 73% des cadres.

Dans le sondage, les utilisations de ces technologies, habituellement controversées pour un usage dans les lieux publics, étaient présentées par Odoxa pour un usage purement liée à la lutte contre l'épidémie de coronavirus. (Source ; Odoxa)

Contacter son médecin via la télémédecine

Mais les Français comptent aussi sur les outils numériques pour répondre à des besoins plus pragmatiques pendant le confinement. La priorité pour 9 personnes sur 10 est de pouvoir joindre son médecin et bénéficier de téléconsultations. 77% aimerait avoir des informations sur les ouvertures des commerçants en temps réel. Un besoin d’information par les institutions par email, SMS, ou des applications de communication est ressenti à 72%. Egalement, 68% des familles aimeraient disposer d’accès à des plateformes pédagogiques.

Sur les questions de l’utilisation de l’IA, les sondages montrent souvent que les répondants ont peur de cette technologie (à 60% selon un sondage Odoxa de mars 2019), surtout dans le cadre du travail. En ce qui concerne la reconnaissance faciale dans l’espace public, les avis sont plus mitigés. Selon un sondage du think tank Renaissance Numérique en décembre 2019, si 84% des sondés jugeaient l’utilisation de cette technologie acceptable dans un contexte de crise sécuritaire nationale (alerte enlèvement, terrorisme, etc.), sécuriser les grands événements (76%) ou les espaces publics (72%), la majorité trouvait en même temps que le manque de transparence, l’impossibilité de donner son consentement, la possibilité de surveillance de masse et de restriction des libertés jouaient en défaveur de l’emploi de cette technologie.

« 62% des Français téléchargeraient et utiliseraient une application du type StopCovid alors qu'ils étaient 76% à se dire préoccupés par la collecte de leurs données en mai 2019 », indique Christopher Bousigues, directeur Business Technology Platform de SAP France. Et d’ajouter que « cela démontre que lorsqu'il s'agit de leur sécurité et à partir du moment où ils ont le choix d'utiliser ou non la technologie, les Français peuvent être ouverts à l'utilisation de leurs données. » Et à un traçage de leurs faits et gestes quotidiens ?