Constatant que les assureurs crédit s'apprêtaient à réduire massivement les encours, le gouvernement a annoncé qu'il allait stopper l'hécatombe en préparation en se portant lui-même garant du crédit interentreprise. Si l'annonce a été relativement peu médiatisée, elle n'en revêt pas moins une importance capitale pour les entreprises et, plus particulièrement, pour celles du secteur informatique et télécoms, sachant que l'assurance crédit y est prédominante. Concrètement, pour endiguer la baisse des encours qui se préparait chez les assureurs crédit, l'Etat se porte garant en créant un service de réassurance publique, poétiquement baptisé le « CAP » (Complément d'Assurance crédit Public). « C'est une bonne nouvelle, répond tout de go Didier Moizo, conseiller secteur IT chez Euler Hermes SFAC (Société française d'assurance-crédit). Nous constations que le contexte se dégradait très rapidement, avec une progression des défaillances supérieures à 10%. Le principal changement, c'est que les services IT sont désormais également concernés. » Ce sera « donnant-donnant » Les entreprises de négoce ne sont donc plus seules dans la ligne de mire. En contrepartie des nouvelles garanties de l'Etat, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a exigé plusieurs engagements de la part des assureurs crédit. Les principaux sont les suivants : le pourcentage des crédits interentreprises qu'ils garantissent ne doit pas diminuer au cours des six prochains mois, ils devront réexaminer sous cinq jours tout dossier soumis par le nouveau médiateur du crédit, ils ne devront pas supprimer la garantie uniquement parce qu'une entreprise appartient à un domaine supposé « à risque » (comme le négoce de matériel informatique, par exemple...), toutes les modification de la couverture devront être clairement motivées, etc. Une entrée en vigueur du dispositif le 8 décembre « La SFAC n'a jamais stigmatisé telle ou telle activité dans son ensemble, répond Didier Moizo. D'ailleurs, le secteur IT était jusqu'à présent l'un des plus privilégiés et nombre d'entreprises de négoce obtiennent heureusement des résultats satisfaisants ». Reste à savoir si ces mesures peuvent éviter des défaillances d'entreprises. « C'est certain, affirme Didier Moizo, mais il est impossible de savoir à l'avance dans quelles proportions. » Le dispositif doit entrer en vigueur dans une semaine, le 8 décembre, et prévoit même une « rétroactivité » : les revendeurs qui ont vu leur encours baisser après le 1er octobre pourront retrouver le niveau antérieur. Pour mémoire, les assureurs crédits couvrent environ le quart des crédits interentreprises, soit 320 milliards d'euros, mais dans le secteur IT, les professionnels estiment que la proportion est supérieure à 50%.