L'intelligence a-t-elle un coût, probablement, mais qui va payer, telle est la question essentielle que soulèvent deux associations de consommateurs, après la parution d'un décret rendant obligatoire le déploiement des compteurs intelligents. Ces derniers sont actuellement en phase d'expérimentation pendant une période qui s'achève le 31 décembre 2010. Or le flou est total sur qui va financer le déploiement. La FNCCR ( Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies) a été une des premières à réagir en s'interrogeant sur le prix du Linky qui selon ERDF oscille entre 120 et 240 euros, soit entre 4 et 8 milliards d'euros pour 35 millions de compteurs. Par ailleurs, cette organisation rapporte quelques dysfonctionnements et juge la période d'expérimentation peu probante pour dégager des résultats définitifs. Elle demande donc une prolongation de cette expérimentation, avec d'autres types de compteurs intelligents que celui proposé par ERDF.

Les associations de consommateurs sceptiques


UFC-Que Choisir et la CLCV ont publié des communiqués soulignant l'incertitude sur le coût de l'opération. Ils indiquent  que « les coûts semblent encore méconnus. De 120 à 240 € par usager selon le gestionnaire de réseau (ERDF) [l'UFC-Que Choisir donne 80 euros en Italie pour Enel]. Selon le distributeur, le coût serait supporté par l'usager en raison de 1 à 2 € par mois et ce durant 10 ans ». Des questions cependant demeurent comme « y aura-t-il des frais d'entretien? Quelle sera la durée de vie des compteurs? » et d'ajouter  « qui va bénéficier de ces nouveaux compteurs? Si l'intérêt théorique pour le consommateur existe, il reste dans la pratique à démontrer car aujourd'hui rien ne garantit que le compteur dit intelligent soit accessible dans les lieux de vie. De plus, c'est oublier bien vite tous les avantages financiers qu'en tireront les gestionnaires de réseaux, voire les fournisseurs, qui n'auront plus à envoyer leurs agents sur le terrain pour relever les compteurs et pourront moduler à distance de nouvelles offres ».

En conséquence, les deux associations demandent également la prolongation de l'expérimentation au 31 décembre 2011, voir 2012 pour la CLCV. On note également que la CNIL s'est récemment penchée sur la question des compteurs intelligents, en soulignant les risques de « traçabilité des usages ».

 

Illustration: Photo Linky, crédit photo: D.R