Quel bilan tirez-vous de l'acquisition de Vignette et de son offre WCM, un an après ?

John Shackleton : L'intégration de Vignette s'est déroulée plus facilement et plus rapidement que prévu à la faveur de synergies auxquelles nous ne nous attendions pas. Le passage de la version 5 de leur offre à la 6 leur avait posé de gros soucis. Un grand nombre de leurs clients avaient rencontré toute une série de problèmes. Généralement, ce genre de situation entraîne, dans un premier temps, une baisse des ventes de licences. Mais lorsque les revenus de la maintenance prennent le même chemin, cela signifie que les gens ne veulent pas du logiciel. Nous sommes parvenus à stabiliser le produit, en améliorant les processus d'assurance qualité et d'ingéniering pour venir à bout de la majorité des problèmes rencontrés par les clients. Nous avons corrigé tout cela dans la version 8 et nous avons vu revenir certains clients qui avaient lâché la maintenance. Des clients que l'on croyait avoir perdu et qui, évidemment, ont payé l'arriéré. C'est donc très encourageant et, de fait, il s'agit d'un très bon produit. Seule cette version 6 s'est révélée problématique.

Cette acquisition fut tout de même un pari risqué pour Open Text.

C'est vrai. Mais, nous nous intéressions à Vignette depuis un certain temps déjà. Il y a quatre ans, j'avais rencontré le CEO et lui avait demandé de nous prévenir si jamais quelqu'un voulait les racheter. Nous savions qu'il fallait les regarder de près. Ainsi que vous l'avez rappelé, nous avons d'autres produits de WCM. Mais Vignette a toujours été le meilleur dès qu'il s'agit de monter en puissance, de prendre de l'ampleur. C'est une robuste application d'entreprise, avec de très fortes capacités d'extension lorsqu'il faut en étendre le périmètre (scalable). Son point faible, c'est sa difficulté d'accès pour les non-informaticiens. A l'inverse, le produit que nous avions était très simple à utiliser, mais il ne pouvait pas monter en puissance. Nous avons donc apporté à Vignette la simplicité d'accès de notre logiciel et en avons fait notre offre de WCM numéro 1. Néanmoins, nos autres produits de WCM continueront à être commercialisés, de préférence sur le marché des PME, en particulier en Europe, mais aussi, dans doute, en mode « Software as a service » (SaaS).

En février, vous avez racheté Nstein Technologies et son moteur d'analyse textuelle (text mining). Quelle est votre stratégie dans ce domaine ?

Considérez la Business Intelligence (BI) et les offres de Business Objects, Cognos, etc. Elles s'appliquent à des données structurées stockées dans des bases relationnelles. Il y a cinq ans, 60% de l'activité des entreprises étaient gérés dans ce type de bases. Maintenant, c'est moins de 10%. L'enjeu, c'est donc de faire de la BI sur un volume important de données non structurées. Il faut l'organiser afin d'obtenir l'information de façon plus efficace. L'analyse textuelle est une réponse. Mais que faire des flux vidéos, de la voix sur IP... qui représentent aussi de l'information. Comment s'y prendre de façon intelligente.

Nous travaillons par exemple avec la BBC pour répertorier tous les enregistrements vidéos effectués depuis 1911, avec un objectif multiusage. Nous étudions donc l'ensemble de ces possibilités, à la fois ce qu'apporte Nstein, mais aussi la façon de gérer de façon plus efficace les actifs multimédias, les contenus riches, et comment on peut les analyser. Nstein est un commencement, nous procèderons à d'autres acquisitions. Il y a des produits qui ont été mis au point par des services de renseignements gouvernementaux. Ils ont travaillé pendant dix ans sur des outils qui so12nt maintenant commercialisés. Certains nous intéressent. Nous investirons dans ce domaine. Et nous travaillerons aussi avec Business Objects.

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