La 19ème édition du salon Solutions Ressources Humaines,  principal rendez-vous de l'ensemble de la communauté RH, a ouvert ses portes hier, mardi 26 mars, au parc des expositions de Paris, porte de Versailles. Durant 3 jours, cette manifestation devrait mettre en relation plus de 250 sociétés exposantes et  7 300 visiteurs. L'objectif est d'aider les grands comptes, comme les PME, à mettre en place, développer ou optimiser leurs ressources humaines. La conférence plénière d'ouverture a choisi de se pencher sur les évolutions de la fonction RH imposées par les nouvelles technologies. «  L'ensemble de la fonction RH est confrontée à une déferlante de technologies qui la fascine et l'inquiète », a déclaré d'emblée Patrick Storhaye, président de Flexity, une société de conseil en management des RH et technologies. « Et les DRH savent que lorsqu'un usage devient massif, ils doivent  s'adapter », a-t-il ajouté. Pour lui, 3 grands  phénomènes ont bouleversé le quotidien de la fonction. Il s'agit des médias sociaux, qui ont transformé les consommateurs en « conso-acteurs », du big data, qui impose aux DRH de traiter encore plus de données, et du Byod (« Bring your own device), qui remet en question la frontière entre le monde du travail et la sphère familiale, ainsi que la présence des salariés au bureau.   

Encadrer les usages du nomadisme

Pour Véronique Montanat, directrice du marketing et de la stratégie de l'offre RH chez Sopra Group, le contexte actuel est favorable pour accompagner une DRH dans la mesure où ces nouveaux outils sont prêts à fonctionner. Second feu vert : les usages numériques se sont démocratisés dans les entreprises. « Aujourd'hui, les seniors, comme les jeunes de la génération Y, utilisent des tablettes ou des smartphones », considère-t-elle. « La fameuse fracture numérique dont on parlait il y a quelques années, est une fausse idée. Les utilisateurs sont en attente d'usages numériques et la DRH doit être en mesure d'éduquer les comportements et d'encadrer les usages du nomadisme, notamment. » D'après la représentante de Sopra Group, les entreprises ont adopté une politique d'équipement nomade et l'attribution des terminaux mobiles ne s'effectue plus de façon hiérarchique. Mais cela impose une vigilance de la fonction RH, en termes de sécurisation des données. De plus, avec le big data, les directeurs des ressources humaines doivent gérer des données multiples, ce qui constitue un phénomène nouveau. Ces informations doivent être corrélées avec d'autres données du SI de l'entreprise. La conservation et la valorisation des informations a donc gagné en importance au sein de la fonction RH.

Un SIRH qui se décloisonne

L'autre facteur qui a modifié la fonction RH, c'est le décloisonnement du SIRH. « Le système d'information de gestion des ressources humaines ne fonctionne plus en silot », a exposé Véronique Montanat. « Il s'appuie sur différents outils qui permettent de créer des liens au sein de la fonction. Les salariés participent aux intranets et aux portails d'entreprises, ce qui permet d'optimiser les process RH. » Un avis partagé par Charles-Henry Duroyon, vice-président des SIRH et des services partagés chez Atos au niveau mondial. « Le SIRH a pratiquement disparu des entreprises », considère ce dernier. «Les contenus sont devenus plus importants que les contenants », a-t-il poursuivi. « Les outils ont gagné en maturité et les RH ont plus de facilité à faire leur choix. Par ailleurs, auparavant, les phases d'adoption étaient très longues, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Reste qu'il faut convaincre sur l'utilisation des outils RH pour réaliser des recrutements ou gérer les performances, sans pour autant oublier la notion de face à face avec le collaborateur. »

Une plate-forme cloud évolutive

Valérie Andrade, directrice du marketing et de la communication d'ADP, estime elle aussi que le SIRH va devenir secondaire. « Il va aider l'entreprise à ce qu'elle coopère mieux », affirme- t-elle. « Le DRH va devoir développer des compétences de communicant ou animer des communautés qui contribueront à transformer l'entreprise. On assistera à l'émergence d'une logique communautaire. »

Santiago Lecomte, directeur des lignes Saas PeopleNet et Asys chez Meta4, un éditeur de logiciels spécialisé dans la gestion des talents et de la paie, pense qu'aujourd'hui, la DRH est moteur de fonctionnalités qui s'ajoutent dans une plate-forme cloud en constante évolution. « La mise en place et le support aux utilisateurs changent et l'assistance à maîtrise d'ouvrage, qu'on avait oubliée, est devenue constante », a-t-il souligné. « La plate-forme logicielle se marie avec d'autres contenus et la DRH doit savoir en profiter ».

Le dirigeant voit également une véritable révolution dans le recrutement, conséquence de l'engouement des utilisateurs pour les médias sociaux. « Depuis l'entrée de Linkedin ou de Viadeo sur le marché, la fonction RH est en mesure de « sourcer », c'est-à-dire d'attaquer un recrutement directement à la source, dans une immense base de données », fait-il remarquer. Pour lui, à l'exception de ces deux facteurs, la fonction RH est restée et restera la même : « Nous sommes toujours des hommes et nous appliquons des principes de base qui ne changent pas », a-t-il conclu. « Ce qui a évolué, c'est la rapidité. La fonction RH sera toujours focalisée sur une logique de productivité. »