Alors que la Commission européenne accentue la pression sur Microsoft dans son enquête sur l'inclusion d'Internet Explorer dans Windows, l'éditeur tente d'amoindrir le courroux de Bruxelles. Le groupe de Redmond, poursuivi pour l'abus de position dominante qu'il tirerait de la vente liée de son navigateur et de son OS, vient en effet d'annoncer que Seven serait commercialisé sans navigateur sur le marché européen. Après la plainte déposée en 2007 par Opera Software et le ralliement des principaux éditeurs de 'browsers' - Mozilla et Google - ainsi que d'autres grands acteurs IT, Bruxelles semblait s'orienter vers une condamnation de Microsoft obligeant le géant à fournir plusieurs navigateurs avec ses systèmes d'exploitation. Mais plutôt que d'offrir une place à ses concurrents, l'éditeur a préféré prendre les devants et supprimer toute trace de navigateur dans Windows, IE inclus. « Nous sommes décidés à lancer Windows Seven sans retard en Europe, nous devons donc composer avec les réalités légales, dont le risque d'une lourde amende », explique l'éditeur dans un billet de blog. Les utilisateurs devront donc, pour accéder à Internet, commencer par installer un navigateur à partir d'un CD, d'un FTP, ou compter sur les OEM pour effectuer cette action avant l'achat. Malgré cette initiative, Microsoft ne s'attend pas à ce que l'UE mette nécessairement un terme à son enquête. « Notre décision de proposer Windows Seven uniquement sans IE en Europe ne peut pas, bien sûr, empêcher l'existence d'approches alternatives qui émergeraient des travaux de la Commission », avance l'éditeur. En effet, Bruxelles a, sans tarder, réagi à la bonne résolution de Microsoft, dont elle « prend note avec intérêt » sans pour autant mettre un terme à sa recherche d'autres solutions. Moins de choix pour les acheteurs directs de Windows, accuse l'UE Si l'exécutif communautaire considère que l'exclusion d'IE de Windows est un élément « potentiellement positif » qui permettra aux constructeurs de PC d'installer le navigateur de leur choix dans leurs machines, il affiche toute sa circonspection lorsqu'il évoque les ventes directes de Windows. Les consommateurs qui choisiront d'acheter l'OS pour l'installer sur une machine qu'ils possèdent déjà se retrouveront en effet face à une offre restreinte. « Plutôt que d'offrir plus de choix, Microsoft semble avoir opté pour en proposer moins », résume Bruxelles. Opera, dont la plainte est à l'origine de ces poursuites, note pour sa part que cette initiative est intéressante mais constitue simplement un premier pas dans la bonne direction. Selon son avocat, qui représente aussi l'Ecis (un groupement rassemblant des géants comme Oracle, IBM, etc.) estime que la démarche de Microsoft « signe la reconnaissance de la validité de l'action entreprise par la Commission ». Mais elle n'est pas suffisante : « Microsoft doit maintenant offrir aux utilisateurs un vrai choix, et pas seulement aux acquéreurs de nouvelles machines ». Et le juriste de réclamer l'insertion dans Windows d'une liste de navigateurs dans laquelle les consommateurs pourront sélectionner le produit qu'ils souhaitent utiliser.