Le cloud peut s’avérer un bon moyen de réduire ses coûts. Mais, selon un groupe d’experts, ce ne devrait pas être le motif prioritaire de déplacement vers le cloud. Selon eux, en se concentrant essentiellement sur les économies potentielles - réelles ou imaginaires – l’entreprise peut passer à côté d’une opportunité de transformation rapide, avec l’adoption de procédés de développement plus agiles et la réalisation d’objectifs d'affaires. « Une focalisation sur le coût peut priver l’entreprise des nombreux avantages que le cloud a à offrir », a déclaré Amit Khanna, vice-président et responsable mondial Cloud Practice pour le cabinet-conseil Virtusa, lors d’une discussion en ligne organisée par la division AWS d'Amazon.

John Rymer, vice-président et analyste principal chez Forrester, conseille également aux entreprises travaillant sur une plate-forme cloud d’accélérer le rythme de développement de leurs applications, quitte à utiliser leurs clients comme bêta testeurs quand le produit devient « un minimum viable ». « Les gens utilisent les environnements cloud pour tester des idées en quelques jours », ajoute l’analyste. « Ils peuvent savoir très rapidement s’ils sont sur la bonne voie, et ils développent des logiciels qu'ils testent en production avec leurs clients », a-t-il ajouté. « C’est une évolution radicale. Je veux dire que cela modifie complètement la capacité d’une entreprise à répondre à des opportunités d'affaires ».

Le cloud est bien la prochaine plate-forme 

Forrester prévoit ce que John Rymer décrit comme une période « d’hypercroissance » dans le cloud. Le cabinet d’étude estime que, pour le seul cloud public, les dépenses vont passer de 91 milliards de dollars en 2015 à 191 milliards de dollars en 2020. La majeure partie de cette croissance reviendra aux applications cloud en mode SaaS, suivie par les dépenses pour les déploiements de la plate-forme et des infrastructures. « Pour les DSI, le message est clair : dépêchez-vous de vous installer dans le siège du conducteur, ou d'autres le feront », a déclaré Forrester en livrant ses prévisions. « Un grand nombre d'entreprises votent en fonction de leurs budgets et adoptent le cloud de façon trop évidente », explique l’analyste. « Pas étonnant dans ce cas, que pour de nombreuses entreprises, le pourquoi du cloud est réglé d’office et la question se limite à quand et comment se fera le déplacement ».

« Or, l'essentiel est bien là : le cloud est la nouvelle plate-forme », a encore déclaré John Rymer. « Peu de clients nous demandent aujourd’hui s’il est opportun ou non pour eux de déplacer leur activité vers un cloud public. Ils veulent surtout savoir comment faire ». Pour Forrester, il est essentiel de combler le fossé entre les départements informatiques et les orientations métiers de l’entreprise. Celui-ci fait également remarquer que les offres à la demande, les tarifications « pay-as-you-go » proposées par de nombreux fournisseurs cloud tranchent avec les pratiques habituelles de l’entreprise en terme de budget. Si bien que selon lui, il serait peut-être avisé de faire participer les responsables de la budgétisation aux préparatifs de déplacement vers le cloud. « Changez vos structures organisationnelles », conseille encore John Rymer. « L’essentiel c’est d’être réactif, et pour cela il est important que les équipes de développement soient plus étroitement liées à l’activité de l’entreprise, bien plus que ce n’était le cas jusqu’à présent ».