Les deuxièmes assises du développement de SI durables, qui se sont tenues le 30 avril, ont mis l'accent sur le besoin d'une révolution culturelle à la fois dans les entreprises et dans la formation des jeunes informaticiens. L'événement, organisé par la communauté S-IT-A (Sustainable IT Architecture), et dont LeMondeInformatique.fr était partenaire presse, a reçu le matin deux intervenants rares, Andrew Watson, vice-président et directeur technique de l'OMG (Object Management Group, consortium définissant des standards mondiaux de développement, tels qu'UML), et Bruno Lanvin, directeur exécutif du eLab de l'Insead (la branche recherche en économie numérique de l'école de management). Chacun dans son domaine, les deux hommes ont appelé à voir plus loin que la situation actuelle, afin de bâtir des systèmes d'information et des économies numériques pérennes. « Les dirigeants informatiques se comportent comme si ce qu'ils livrent aujourd'hui était la dernière chose qui sera jamais livrée », a expliqué Andrew Watson, dénonçant une tendance à « mettre tout son capital intellectuel dans le code », qui soit n'est pas durable, soit restera pendant des années, handicapant les évolutions futures. « Même les plateformes SOA changent régulièrement ». Il faut donc capturer et modéliser le savoir dans des outils de type BPM (gestion des processus métier) et des outils de génération de code à partir des modèles (MDA/MDD, architecture et développement guidés par les modèles), et organiser la modularité et l'orchestration avec des outils orientés SOA (Architectures orientées services). Attention à ne pas accentuer le manque en « e-skills » en voulant trop réduire les coûts, prévient l'Insead Mais bâtir des systèmes d'information prévus pour durer, cela passe aussi par la formation et le recrutement de gens capables de concevoir ces SI et de les faire évoluer. Cela peut paraître une évidence, mais comme l'a rappelé Bruno Lanvin, en période de crise, le réflexe typique est de réduire les coûts. Du coup, « on oublie la compétitivité et le fait de s'attacher des talents pour l'avenir ». Or, c'est pendant la crise, dit-il, qu'il faut s'assurer de la sortie de crise, au risque d'être complètement dépassé quand ce moment arrivera. Bruno Lanvin a appuyé son exposé sur deux études récentes de l'eLab corrélant les compétences en matière de nouvelles technologies (« e-skills ») en Europe et la compétitivité économique du Vieux Continent. Si la France apparaît relativement bien placée en matière de formation scientifique, on note une certaine désaffection des jeunes générations pour les métiers de l'ingénierie, surtout chez les jeunes femmes. Constatant que le manque de talents existait déjà avant la crise, Bruno Lanvin a appelé les entreprises présentes à « ne pas laisser s'échapper les talents », et les gouvernements européens à mettre des mécanismes en place pour encourager l'éducation scientifique. Vers une inadéquation entre les compétences, les politiques RH et les besoins des entreprises en matière de développement de SI durables