Pour autant, il serait vain de déconnecter totalement crise financière et marché technologique. D'abord parce que l'échec du plan Paulson conjugué aux faillites de plusieurs établissements de crédit implique une disponibilité des capitaux en diminution. Soit un recul des montants qui permettent aux entreprises d'investir et aux consommateurs de dépenser. Ensuite parce que « le secteur bancaire en tant que client va avoir des conséquences négatives sur le monde des technologies », souligne Frédéric Giron qui rappelle que 20% des dépenses IT reposent sur le secteur financier. Un chiffre certes important mais qu'il convient de relativiser. En effet, « d'autres secteurs vont jouer le rôle de tampon, précise l'analyste. De plus, des investissements vont être déclenchés grâce aux rapprochements de sociétés, aux optimisations afférentes - dans les infrastructures et les applicatifs, notamment - ou aux futures nouvelles réglementations censées éviter qu'une telle crise ne se reproduise. » Seul le marché du matériel IT risque de connaître une décroissance durable en valeur, mais sans qu'un lien de causalité avec la crise actuelle puisse être mis en évidence : ce recul en valeur était largement perceptible avant les premiers soubresauts liés à la crise née des subprimes. Apple, Microsoft et Oracle, simples victimes collatérales On peut donc estimer, sans véritablement jouer les cartomanciens, que l'effondrement des valeurs technologiques s'avère simplement ponctuel pour la majorité des acteurs IT. Apple, Microsoft ou Oracle ne seraient finalement que les victimes collatérales de la versatilité des marchés boursiers. Ce qu'on ne peut pas dire d'une autre catégorie d'acteurs : les géants indiens. Frédéric Giron rappelle en effet que « ces groupes réalisent 30 à 40% de leur chiffre d'affaires grâce au secteur financier. Ils ont donc réellement du souci à se faire. » D'ailleurs, eux qui sont les champions du recrutement, commencent à donner des signes d'essoufflement. Satyam, par exemple, est le sujet de plusieurs rumeurs faisant état de plusieurs milliers de licenciements. A l'inverse, les SSII hexagonales regagnent des couleurs après avoir tutoyé le marasme. Steria, Sopra ou Capgemini ont ainsi regagné aujourd'hui presque tout le terrain abandonné hier à la bourse de Paris.