Chez Alcatel-Lucent, Laurence Orazi est en charge de la gouvernance des données d'entreprise. Depuis 2007 et la fusion effective entre Alcatel et Lucent, la problématique de la gestion des données, de leur convergence et de leur harmonisation, a en effet été récurrente. Dans un premier temps, l'optimisation de la qualité des données a été effectuée via un MDM domaine par domaine. « Mais malgré de lourds investissements, les problèmes persistaient » a déploré Laurence Orazi. Là encore, des problèmes sont survenus à cause de fichiers Excel parasites impliquant que les référenciels d'entreprise n'étaient pas complets. La solution finalement choisie a donc été de mettre en place une gouvernance des données pilotée par les règles métier. Alcatel-Lucent a mis en oeuvre un modèle d'intégration pour aller chercher les informations dans de multiples sources afin de piloter la mise à disposition de la bonne donnée au bon moment.

Pour Laurence Orazi, plusieurs bonnes pratiques sont nécessaires pour aboutir à un succès. Tout d'abord, il convient de commencer sur un périmètre restreint avant d'étendre progressivement. S'il faut faire équipe avec la DSI pour les aspects technologiques, ce sont bien les acteurs métier qui doivent être impliqués et comprendre les avantages de la démarches. Enfin, le recours à des experts externes permet de démarrer rapidement.

Une odeur de qualité des données

Chez Firmenich, une entreprise suisse spécialisée dans les fragrances et arômes présente dans 50 pays, la gouvernance des données a surtout concerné celles de la chaine logistique, de la prise de commande à la délivrance de la commande au client. Pour Thierry Délez, directeur MDM, « si, quand on met en place un MDM, il faut régulièrement nettoyer les données, c'est que le processus est en échec. » En effet, les processus métier doivent aboutir à la création et au stockage des seules données justes et pertinentes, notamment sans doublon.

Le pire qui puisse arriver pour une saine gouvernance des données, c'est que des « héros » sauvent régulièrement l'entreprise de la catastrophe. « En tel cas, les processus ne sont jamais révisés et ceux qui devraient utiliser les données passent leur temps à en restaurer la qualité, ce qui aboutit d'un côté à les démotiver, et de l'autre à les rendre responsables de problèmes contre lesquels ils se battent » condamne Thierry Délez. En particulier, la mauvaise intégration des données ne doit pas être traitée par la DSI, qui fournit un outil, mais par les managers métiers. Pour cette raison, la direction dont dépend Thierry Délez n'est pas rattachée à la DSI : sa fonction n'est pas technique et son travail ne doit pas être considéré comme un « bidule technique ».