La reconnaissance faciale va certainement alimenter les débats en 2020. Et l’initiative dévoilée par Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, dans les colonnes du Parisien, mardi 24 décembre 2019 n’est pas de nature à pacifier les discussions. En effet, le ministre annonce que le Gouvernement est prêt à tester la reconnaissance faciale pour les images de vidéosurveillance. Cette initiative serait menée sur une durée comprise entre 6 mois et 1 an, sans préciser la date de début. Le projet serait supervisé par « la société civile et des chercheurs » avec pour ambition de mesurer « les performances réelles » de la technologie et « avoir des retours sur les différents cas d’usage ».

Cette annonce s’inscrit dans un contexte particulièrement bouillonnant autour de la reconnaissance faciale. Elle est devenue un véritable sujet de société sur lequel les politiques, les entreprises, les régulateurs et la société civile prennent position. Ainsi, en novembre dernier, la Cnil a publié un document de synthèse pour rappeler les enjeux et expliciter les questions posées. Quelques semaines auparavant, la commission avait débranché l’expérimentation de reconnaissance faciale via caméra de surveillance de la région PACA devant les lycées. Les sociétés de transport, comme la SNCF et la RATP, étudient aussi avec intérêt cette technologie pour éviter la fraude ou pour remplacer l’authentification des abonnés. Sans parler d’Alicem (Authentification en ligne certifiée sur mobile), application d’identification électronique à base de reconnaissance faciale validée par un décret de mai 2019.

La société civile se mobilise et le gouvernement plaide pour un débat citoyen

Le débat s’est étendu au Parlement où la députée Paula Fortezza a été nommée rapporteur d’une mission sur l’identité numérique dans laquelle le sujet sur la reconnaissance faciale sera bien évidement abordé. La société civile n’est pas en reste et plusieurs associations sont vent debout contre les différentes initiatives autour de la reconnaissance faciale. Le 19 décembre 2019, un appel signé par 80 organisations dont la ligue des droits de l’Homme et l’Observatoire des libertés et du numérique ou la Quadrature du Net a demandé l’arrêt de l’usage sécuritaire de la reconnaissance faciale qui selon eux « abolit l’anonymat » et « banalise une société de surveillance de masse ».

Dans son interview au Parisien, Cédric O reconnaît que la technologie comporte « des avantages, et des opportunités, mais aussi un certain nombre de risques pour les libertés publiques ». A la suite de l’expérimentation sur les images de vidéosurveillance, le gouvernement prévoit la tenue d'un débat citoyen organisé par le Comité consultatif national d'éthique sur la reconnaissance faciale.