Jeudi dernier, lors d'une conférence téléphonique consacrée aux résultats du second trimestre de Salesforce.com, Mark Benioff, PDG de la société, n'a pas pu s'empêcher d'évoquer certaines des grandes annonces que l'éditeur de logiciels de CRM dans le cloud a prévu de faire pendant Dreamforce. Sa conférence annuelle n'aura pourtant lieu que dans quelques semaines, du 18 au 21 septembre, à San Francisco. Sur son 2etrimestre fiscal (clos fin juillet), la société a réalisé un chiffre d'affaires de 732 millions de dollars, en hausse de 34% sur un an. Mais sa perte nette s'élève à 9,8 M$ contre 4,2 M$ sur son deuxième trimestre fiscal l'an dernier.

Le dirigeant a confirmé la présentation de son premier logiciel de ressources humaines Work.com. Il a également clarifié le positionnement de cette offre par rapport à d'autres logiciels de RH déjà établis dans le cloud, eu égard notamment à son partenaire Workday. Aneel Bhusri, le CEO adjoint de Workday, sera présent lors de Dreamforce et « vous pourrez constater que nous travaillons dur sur l'intégration de nos produits dans le but d'offrir une gamme RH complète à nos clients », a ainsi déclaré le CEO de Salesforce aux analystes pendant la conférence téléphonique. L'éditeur présentera également une version de son logiciel de collaboration sociale Chatter intégré avec Workday.

Intérêt et contraintes d'une offre RH

Work.com, qui s'appuie sur Rypple, acquis par Salesforce.com, n'offre qu'un nombre limité de fonctions de ressources humaines, destinées à améliorer l'efficacité et la collaboration des employés dans un environnement inspiré de Facebook. Reste à voir, d'un point de vue produit, quelle sera la prochaine étape de Salesforce.com en matière de ressources humaines. Mais d'autres évolutions semblent inévitables, compte tenu des ambitieuses prévisions de croissance du fournisseur. De fait, malgré la popularité de son logiciel de CRM (gestion de la relation client), ce type d'applications n'a qu'un impact limité dans les entreprises, alors que les logiciels RH peuvent concerner n'importe quel salarié, et donc faire l'objet d'une licence. Ou peut-être pas.

«Je pense que Salesforce.com s'est posé sérieusement la question de savoir ce qu'il fallait pour constituer une offre RH solide », estime Naomi Bloom, analyste spécialisée dans les logiciels de RH et directeur associé du cabinet de conseil Bloom & Wallace. Non seulement, quelles seraient les améliorations nécessaires à apporter à sa plateforme sur le plan de l'architecture, quelles expertises ils devaient acquérir et faire évoluer, et ce que cela entraînait en matière de conformité réglementaire au niveau mondial. Mais ils ont aussi pris en compte ce que cela impliquerait s'ils concurrençaient directement Workday. « A la suite de quoi, ils en ont déduit que cela n'avait pas de sens pour eux, compte tenu de leur volonté de se positionner davantage comme une plate-forme », conclut l'analyste.

A fond sur le HTML5

Mark Benioff a également révélé que Salesforce.com miserait deux fois plus sur le HTML5 pour l'interface utilisateur et le développement standard. « Sur Dreamforce, nous mettrons en disponibilité générale notre pilote sur notre application de gestion des opportunités commerciales fonctionnant en HTML5, sur différents terminaux », a t-il déclaré. Salesforce.com fournira également des outils permettant aux clients de créer des services en HTML5, a t-il ajouté. « Le HTML5 sera aussi intégré aux applications de coeur de métier de Salesforce.com, aux couches de développement Force.com et Heroku, ainsi qu'au service de construction de sites web Site.com », a encore révélé le PDG.

Le marketing cloud, prochain marché en vue 

La récente acquisition - pour 689 millions de dollars - de Buddy Media par Salesforce.com indique que le fournisseur a fortement l'intention de se positionner comme acteur dans la commercialisation de logiciels de marketing de nouvelle génération. Selon Mark Benioff, les participants de Dreamforce auront une vision formalisée de la stratégie de l'entreprise sur les applications de marketing dans le cloud. « Salesforce va consacrer 1 milliard de dollars pour développer une gamme de produits marketing », a déclaré le PDG lors de la conférence téléphonique. Celui-ci ne ménagera semble t-il pas ses efforts pour expliquer aux participants de Dreamforce comment la technologie de Buddy Media, associée aux logiciels d'analyse sociale Radian6 de Salesforce.com feront office de « killer app » auprès des cadres marketing. « Nous avons été en mesure de re-conceptualiser ce que ces deux produits sont capables d'apporter. Mais leur somme représente vraiment davantage que 'un plus un' », a t-il déclaré. « Et nous en ferons la démonstration pour la première fois lors du prochain Dreamforce ».

«Nous pensons que les responsables marketing voudront leur propre cockpit, leurs propres avions de combat, parce qu'ils vont commencer à dépenser beaucoup plus d'argent que les DSI en technologie», a ajouté Mark Benioff. Ce faisant, le PDG de Salesforce.com se cale sur un discours déjà entonné par IBM et par Oracle, deux concurrents de taille sur ce marché.

La puissance de la plate-forme

Mark Benioff a par ailleurs indiqué que Burberry avait signé un accord de licence dite Social Entreprise Agreement (SELA) avec Salesforce.com. Ce modèle de licence, annoncé l'an dernier, offre aux entreprises la possibilité « d'acquérir tous nos produits d'un coup : les ventes, le service, le marketing, la plate-forme, comme une entité unique », a rappelé Mark Benioff. Le dirigeant a promis de révéler pendant Dreamforce combien de contrats de licence de ce type avaient été signés. « De quoi impressionner les participants », a t-il ajouté. L'offre SELA indique la volonté de Salesforce.com d'être de plus en plus considéré comme un fournisseur de plate-forme, bien au-delà de ses racines CRM originelles.