La multiplication des terminaux mobiles et la prise en compte du temps réel sur la gestion des données conduit les entreprises, de gré ou de force, à se tourner vers des outils informatiques leur permettant de réagir plus vite. Elles doivent pouvoir modifier rapidement un processus ou développer des applications en quelques semaines, voire moins, pour répondre à de nouveaux cas d'usage. C'est sur ce terrain que l'éditeur Software AG veut maintenant se placer, ainsi qu’il l’a rappelé la semaine dernière sur le Cebit 2015 en présentant sa « Digital Business Platform ». Celle-ci regroupe ses outils de modélisation de processus, de gouvernance et d’intégration interapplicative.

Acteur historique des outils de middleware, surtout identifié jusque-là par les équipes informatiques, Software AG a modifié son approche des clients pour s’adresser aussi aux directions métiers. Il vise directement les projets de transformation numérique. « Nous avons constaté que le middleware devenait le hub pour le développement agile de nouvelles apps, celles dont les métiers ont besoin », avait déjà indiqué Karl-Heinz Streibich, CEO de Software AG, cet automne lors de la conférence utilisateurs de l’éditeur. Il est vrai que la société avait besoin de se réinventer et de rajeunir un peu son image (*). En juillet dernier, le numéro 2 des éditeurs de logiciels allemands (derrière SAP) avait vu son action chuter après avoir revu à la baisse ses prévisions de résultats à cause de retards sur ses projets d’optimisation des processus métiers. Sa nouvelle orientation a fait remonter le cours, mais sans retrouver encore celui de l’an dernier.

Un ancien de SAP recruté comme Chief Customer Office

Pour soutenir cette démarche « orientée client », la société allemande a recruté en août dernier Eric Duffaut au poste de "Chief Customer Officer", nommé aussi membre du comité exécutif de la société. Après 8 ans passés chez SAP, responsable du réseau de ventes indirectes au niveau mondial, celui-ci pilote désormais chez Software AG l'ensemble des équipes en contact avec les clients (les ventes, le support et les services), ainsi que, là aussi, l'écosystème de partenaires. L’intitulé de sa fonction, Chief Customer Officer, indique clairement l’évolution prise par Software AG. L’éditeur veut aborder les entreprises en leur parlant des cas d’usages qu’elles rencontrent, plutôt que se concentrer seulement sur l’offre technologique qu’il a construite brique par brique à coups d’acquisitions successives. « Nous relions l’IT et les métiers en leur proposant de co-innover ensemble, c’est un changement de paradigme », nous a indiqué Eric Duffaut lors d’un entretien. Parallèlement, Software AG mène aussi une démarche de co-innovation avec ses partenaires. Avec Wipro, dans l’Internet des objets, il a par exemple annoncé une solution conjointe d’analyse des flux de données pour permettre des actions en temps réel.

Au cours des 5 dernières années, Software AG s'est effectivement constitué une palette de logiciels couvrant un périmètre assez large. Ces produits s’articulent et s’intègrent maintenant au sein de la Digital Business Platform. Pour aider les entreprises à modifier leurs systèmes IT au rythme de leurs transformations, celle-ci inclut la modélisation de processus métiers (Aris), la description de systèmes IT complexes (Alfabet), le suivi de projets (Alfabet), ainsi que la gouvernance et la gestion des risques (Aris). Au cœur de la suite, on retrouve la plateforme d'intégration interapplicative WebMethods, la gestion des données in-memory (Terracotta) et l'analyse de flux de données (Apama).

Une couche neutre permettant à l’entreprise de se différencier

Cette couche de middleware, intercalée entre les applications packagées et les bases de données, va être utilisée pour apporter de l'agilité aux systèmes d'information encore figés en silos, a décrit le CEO Karl-Heinz Streibich sur le Cebit. Elle permet de gérer plusieurs logiques : la logique processus, la logique d’intégration et la logique décisionnelle qui inclut la prise en charge des big data, a énuméré le dirigeant. En outre, a-t-il ajouté, elle est neutre par rapport aux différentes composantes du SI, ce qui permettra aux entreprises de concevoir des apps propres à les différencier par rapport à leurs concurrents, estime-t-il. Cette neutralité de sa plateforme middleware par rapport aux autres fournisseurs est l’un des arguments sur lequel le dirigeant insiste. « Le changement le plus important que nous voyons, c’est la gestion des données en temps  réel », a indiqué de son côté Wolfram Jost, CTO de Software AG. « Cela va impacter toute la chaîne de valeur ».

L’éditeur allemand a par ailleurs annoncé qu’il allait déployer l’ensemble de son portefeuille sur l’infrastructure de cloud public Amazon Web Services au cours de l’année 2015. En mode cloud, à ce jour, il propose déjà les offres Aris, Alfabet, ainsi que les offres Integration et AgileApps de Webmethods.

(*) Software AG compte toujours de nombreux utilisateurs de sa base de données Adabas, lancée au début des années 70 pour les mainframes IBM, également disponibles sous Unix et Windows.