A en croire nos intervenants, il est important que les entreprises ne sous-estiment pas la fraude documentaire, le risque est grand et les conséquences également qu’elles soient juridiques, sécuritaires mais surtout financières. Au total, la fraude documentaire coûterait plus de 65 milliards d'euros annuels à l'économie française (2,5 % du PIB) touchant aussi bien le secteur bancaire (1 milliard €), l'assurance (2,5 milliards €), la santé (2,7 milliards €) que l'immobilier (1 milliard €) et la fiscalité (60 milliards €) selon les résultats compilés de plusieurs études dans le rapport de Tessi. Face à ce constat alarmant, comment s’en prémunir ? « Il ne faut pas hésiter à porter plainte », rapporte déjà Marc de Beaucorps, co-fondateur et président de Finovox, qui admet aussi, en parallèle, qu’il existe un sentiment d’impunité pour les fraudeurs. Et pourtant, le délit de faux ou d'usage de faux est puni de 3 ans de prison et de 45 000 € d'amende. Mais dans les faits, trop peu de condamnations sont réellement appliquées. Bien sûr, l’outillage est important pour contrer la fraude documentaire et il commence dès la capture des informations pour détecter rapidement les anomalies ou incohérences. Les organisations doivent donc mettre en œuvre des solutions avancées telles que la reconnaissance optique de caractères (OCR), la biométrie dans les respects du RGPD, l'intelligence artificielle (voir partie ci-dessous sur l’IA) et le traitement automatique du langage naturel pour garantir l'intégrité des données. Cette lutte passe aussi par d’autres dispositifs comme la signature électronique (voir partie ci-dessous sur la fraude identitaire) ou encore l’horodatage de documents numériques qui garantit la non-modification du document à partir d’une date de référence. Enfin, elle passe par une approche proactive fondée sur l’analyse prédictive des données collectées, là aussi, cette anticipation réduit les risques et optimise la performance opérationnelle des entreprises.
L’apéisation pour faciliter la gestion de la fraude
Pour Charles Viez, directeur général grands comptes France, Belgique et Luxembourg chez Xerox et pour Marouane Benmrad, directeur service delivery chez Xerox France, la clé de la réussite dans la gestion de la fraude passe aussi par l’apéisation des infrastructures : « Les API peuvent faciliter les interactions avec nos services et l’écosystème externe dans cette lutte contre la fraude. Cette démarche d’apéisation nous positionne comme un contributeur dans l’amélioration du parcours client dans un mode très flexible, nos solutions peuvent venir s’interfacer et/ou compléter des services déjà présents chez nos clients, sans les remettre en question et en permettant une meilleure accessibilité des services. » Aujourd’hui, Xerox est engagé dans la lutte contre la fraude documentaire. Comment ? via ses services associés à la gestion des processus documentaires qui représentent un tiers de ses revenus en France et aussi grâce à ses équipes d’experts. Dans son outillage, Xerox propose donc des solutions d’OCR avancées, des techniques de contrôles unitaires pour vérifier la conformité de chaque document ou encore des outils basés sur l’IA Gen qui s’appuie sur des bases internes et externes de documents. Xerox va même intégrer des apps dédiées à la lutte contre la fraude documentaire directement dans les machines (multifonctions et copieurs). Pour l’heure, ces apps ont été annoncées aux USA il y a deux mois, la date n’a pas encore été précisée pour leur lancement en Europe.
La formation, un plus indispensable
Ce n’est pas tout, pour Pierre Vanhoutte, directeur détection et traitement risques fraudes chez Itesoft, il faut sensibiliser tous les personnels liés à la gestion des documents et des dossiers, par exemple, via des formations dédiées et autres méthodes qui permettent de repérer une tentative de fraude. Cette formation continue des équipes participe à cette sécurisation renforcée même si les fraudes sont de plus en plus difficiles à détecter par l’œil humain. Preuve de cette prise de conscience, de plus en plus d’entreprises créent des cellules internes dédiées à la lutte contre la fraude, notamment chez les compagnies d’assurance et les banques mais également dans les administrations à l’instar du ministère chargé des comptes publics ou encore l’Assurance Maladie. Celle-ci a notamment détecté et stoppé plus de 13 millions d'euros de fraudes liées aux trafics de médicaments et aux fausses ordonnances en 2024 contre 11,5 millions d'euros l'année précédente. Et pour les porte-paroles de Xerox, il faut avoir une dynamique d’amélioration en continu pour être efficace et conserver une proximité avec les cellules de lutte contre la fraude chez les clients : « Nous benchmarkons systématiquement nos solutions que nous intégrons et développons pour améliorer notre niveau de performance, c’est d’autant plus important pour des entreprises qui évoluent dans un environnement de plus en plus hybride. »
Commentaire