Selon Pierre Vanhoutte, directeur détection et traitement risques fraudes chez Itesoft et ancien gendarme (AnaCrim), les solutions actuelles pour combattre la fraude documentaire restent bien sûr indispensables, mais toutes ces applications et méthodologies doivent être complétées par de nouveaux dispositifs. « L’IA générative a changé la donne pour les fraudeurs et pour les combattre, les approches uniquement techniques sont insuffisantes. Selon notre expertise, la détection des faux documents générés par l’IA impose des mécanismes de collaboration. C’est dans cette optique que nous avons créé chez Itesoft la Base M+, une IA de Fraud Intelligence issue de notre R&D basée en France », souligne le porte-parole de l’éditeur. Ainsi Base M+ est, comme son nom l’indique, une base mutualisée d'empreintes documentaires inter-assurance en France basée sur l’IA. Cette IA intégrée à la solution de détection et de traitement de la fraude (plateforme baptisée Streamline Fraud chez Itesoft) compare chaque document avec les références de la base mutualisée inter-assurance qui recense les occurrences et qualifications frauduleuses. Seule cette approche collaborative permet d’accélérer le traitement, de réduire les faux positifs et de sécuriser la décision. « Avec notre solution, nous ciblons bien sûr le secteur de l’assurance, très touché par la fraude documentaire, mais aussi d’autres domaines comme la banque et la finance, sans oublier le secteur de l’immobilier », ajoute Pierre Vanhoutte. L’IA, c’est aussi ce qu’exploite Finovox dans sa plateforme SaaS éponyme qui sert justement à traquer les faux documents. « Notre solution d’investigation a nativement été construite avec de l’IA, sans vous dévoiler les détails stratégiques, nous appliquons des technologies, co-développées avec des organismes de recherche et des experts anti-fraude, qui vont regarder le contenu et le contenant (fichier reçu) dans toutes les langues. Et pour être le plus efficace possible, notre plateforme vient se connecter aux flux documentaires de nos clients via une API », explique Marc de Beaucorps, co-fondateur et président de Finovox. Une cinquantaine d’entreprises (banque/assurance, immobilier, retail, services publics, etc.) utiliserait déjà l’application de la jeune société Finovox, créée en 2019 et qui a déjà opéré une levée de fonds de 6 millions d’euros dont 4 M€ début 2024. Chez Xerox, l’IA sert aussi à lutter contre la fraude documentaire, par exemple, l’IA générative va traiter des volumes de données en temps réel provenant de diverses bases pour identifier les éventuels faux documents. Dernier exemple, celui de Smartpreuve, une startup soutenue et dirigée par Alexis Deborde qui s’attaque à la fraude aux assurances, sa plateforme éponyme, créée à l’origine par des huissiers, sert d’abord de preuve probante auprès des tribunaux en prenant des photos et des vidéos des sinistres, ces dernières sont signées électroniquement, datées pour garantir l’horodatage puis placées dans un environnement sécurisé. En septembre prochain, les équipes de développement vont enrichir Smartpreuve d’une IA capable de détecter la véracité de la photo ou plutôt s’il y a une suspicion d’avoir fait une photo de la photo d’origine et de l’avoir modifiée intentionnellement pour telle ou telle raison. « Par exemple, notre IA permettra de détecter s’il existe des reflets ou autres effets qui prouvent que c’est bien une photo prise de la photo originale », précise Alexis Deborde.
L'IA pour traquer la fraude

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