Avec son parti politique Reconquête, le candidat Eric Zemmour revendique une stratégie de renouvellement du pays. Il s’est employé à rencontrer des dirigeants d’entreprise et des entrepreneurs, allant même jusqu’à visiter les locaux parisiens de Ledger, spécialisée dans les cryptomonnaies, pour marquer son attachement aux entreprises tricolores. Il avait alors affirmé vouloir créer un environnement favorable à la détention et la création de crypto actifs, un écosystème considéré comme « un secteur d’avenir ».

Très porté sur la question de la souveraineté des entreprises, le candidat a annoncé plusieurs mesures en ce sens s’il est élu. Il affirme vouloir « faire du numérique un outil de prospérité et de rayonnement pour la France ». Figurent notamment la création d’un livret innovation pour permettre aux Français d’investir sans aucune fiscalité dans les start-ups et entreprises innovantes, ainsi que la création d’un fonds souverain alimenté par les fonds du livret A pour investir dans les entreprises françaises. Il propose également de baisser le taux d’impôt sur les sociétés à 15% pour les petites entreprises afin d’aider ces dernières dans leur développement.

Jeter les bases d'une souveraineté numérique

Sans surprise, le candidat énonce plusieurs mesures destinées à répondre à un unique objectif : la reconquête de la souveraineté du territoire. Eric Zemmour veut d’abord « imposer par la loi que les données sensibles des Français ainsi que les données stratégiques de l’Etat et du secteur privé soient hébergées et sécurisées en France sur des solutions souveraines ». Il entend « jeter les bases de notre souveraineté numérique » en faisant émerger des solutions françaises souveraines dans le cloud et la cybersécurité. Dans son programme, il annonce également investir dans les technologies de rupture (en particulier intelligence artificielle, ordinateur quantique et semi-conducteurs). Il a notamment soulevé la question de la sécurité pour l’administration et le gouvernement, proposant de créer une certification par l’Anssi de leurs téléphones en utilisant les solutions offertes par les entreprises françaises comme Thalès (Teorem).

Lors de son intervention à Station F, pour LaREF Présidentielle 2022, le 21 février dernier, Eric Zemmour a annoncé vouloir créer un fonds souverain, à la place de l’Agence des participations de l’Etat (APE), pour protéger « nos entreprises stratégiques ». A l’inverse, les investissements étrangers seront contrôlés de façon plus stricte et cela sera élargi à tous les secteurs. Il souhaite également instaurer un cadre réglementaire beaucoup plus strict pour les Gafam afin de rééquilibrer les forces. Evoquant la dépendance aux Etats-Unis et à la Chine et « à leurs fleurons technologiques : Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), et Batx (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) », le candidat veut prendre des mesures de rétorsion françaises et européennes pour lutter contre l’extraterritorialité des lois américaines, avec des sanctions commerciales automatiques pour compenser les amendes des Etats-Unis.

Avoir un territoire numérisé et sécurisé

Pour répondre à ce besoin de talents et de solutions français, le porte-parole de Reconquête veut garantir une connexion haut débit à chaque Français et chaque entreprise sur tout le territoire. Le déploiement de la 4G et de l'internet haut débit sera donc accéléré dans l’ensemble du pays. Il souhaite par ailleurs permettre à tout citoyen de faire toutes ses démarches administratives sur Internet en accélérant la numérisation des services de l’État et la mise à disposition des données.

Sur la question de la formation, il veut donner « une place de choix à l’enseignement de la programmation informatique dès le secondaire, pour « pourvoir à la demande croissante d’emplois dans le numérique ». Il prévoit ainsi de réinstaurer des mathématiques dans le tronc commun au-delà de la classe de première. Il a également annoncé son intention de mieux lutter contre le cyber-harcèlement en imposant un cadre strict aux plateformes numériques : les outils de détection et de signalement des comportements doivent être absolument renforcés, avec une réponse pénale.

« Une industrie forte »

Pour accompagner la filière industrielle, le candidat à la présidentielle veut « créer un puissant ministère de l’Industrie regroupant industrie, commerce extérieur, « énergie et transports, pour remplir le rôle de chef d’orchestre de la réindustrialisation ». Ainsi, les lycées professionnels seront rattachés à ce ministère pour « rapprocher la formation et les besoins des entreprises ». Egalement au programme, le maintien des talents en France. Pour cela, il s'agit d'« élargir les conditions de l’actionnariat salarié » afin que les entreprises du numérique puissent impliquer et retenir ces profils.

Dans un second temps, il entend baisser massivement les impôts de production à hauteur de 30 milliards d’euros supplémentaires par an, en supprimant en priorité la Contribution Sociale de Solidarité des Sociétés (C3S), la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) et la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE). Il annonce par ailleurs la revitalisation des régions durement frappées par la désindustrialisation par la création de zones franches industrielles ouvrant droit à une exonération d’impôts de production et d’impôts sur les sociétés pendant 5 ans. De plus, il exigera le remboursement intégral des aides publiques reçues par les entreprises qui délocalisent.

Porter la commande publique

Eric Zemmour a également pris position sur la question de la commande publique. Il veut permettre à chaque État européen de réserver une part de sa commande publique aux entreprises nationales en exigeant, sous deux ans, la mise en place d’un mécanisme adéquat à l’échelle de l’Union européenne, à l’exemple du small business act. « Si les discussions n’avancent pas assez vite au niveau européen, nous le ferons au niveau français » a-t-il exigé lors de l’événement à Station F en février. De même, il souhaite favoriser la production française en mettant en place un Patrie-score (note allant de A à E) qui « fonctionnera comme le Nutri-score pour indiquer la part de valeur ajoutée réalisée en France des produits consommés ».

Les importations de produits qui ne respectent pas les normes environnementales seront pénalisées. « Sera exigée la mise en place rapide au niveau européen de la taxe carbone aux frontières » précise-t-il. Enfin, le postulant énonce la nécessité de protéger les « entreprises et producteurs de la concurrence déloyale en mettant fin à la surtransposition dans le droit français des règles européennes ».