Président sortant et candidat à sa réélection, Emmanuel Macron souhaite « massifier » ce qu’il a déjà entrepris de développer durant son quinquennat. En 2017, il promettait de « la 4G fixe à bon niveau partout » pour rendre l’ensemble du territoire national accessible, un recours dans les zones où la fibre optique ne peut pas être installée à court terme. Lors de l’édition 2017 du salon Viva Technology, le candidat avait alors annoncé un French Tech visa valable 4 ans et destiné à simplifier les procédures administratives pour les talents désireux de travailler en France. A cette époque, il souhaitait alors favoriser la multiplication de licornes et de géants français en matière technologique et numérique. On retient également son annonce d'un fonds de soutien à l'innovation de 10 milliards d'euros auquel Bpifrance est associé. Pour aller plus loin, Emmanuel Macron a par ailleurs inauguré l’incubateur de start-ups, Station F, à Paris fin juin 2017. Un geste qui venait saluer l’initiative lancée par Xavier Niel et qui renforce alors la vision start-up nation du président, peu de temps après son élection.

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, l’actuel président souhaite rempiler pour un second quinquennat et promet de « massifier ce qui a été fait ces cinq dernières années » comme l’explique l’actuel secrétaire d’Etat en charge du numérique Cédric O. Evoquant une alchimie entre le capital, les talents et le marché, ce dernier a annoncé qu’Emmanuel Macron veut poursuivre cette croissance, pousser davantage à l’introduction en bourse des entreprises, et prendre pour modèle le schéma fiscal des licornes au Royaume-Uni. Avec pour ambition d’« assurer une autonomie technologique, en investissant pour développer ses champions », Emmanuel Macron veut élever la France au rang d’acteur stratégique, aux côtés des Etats-Unis ou de la Chine, « en se protégeant dans les domaines les plus stratégiques, en se dotant des infrastructures essentielles, comme un cloud et une constellation de satellites ».

Former tout un chacun

Concernant les talents, le candidat veut « massifier très tôt, dès la 5e », où l'ensemble des collégiens seront formés au code et aux usages numériques chaque semaine de manière obligatoire. L’objectif est ambitieux : former sur le prochain quinquennat 400 000 à 500 000 experts du numérique, notamment des développeurs et des informaticiens. Revenant sur ses mesures phares de 2017, le candidat annonce que pour se former, un « pass numérique » a été mis en place, donnant accès à 10 ou 20 heures de formation. « 2 millions de pass ont déjà été financés pour accompagner 400 000 personnes. 5 millions d’euros ont été engagés par la Banque des territoires pour la mise en place de hubs « France connectée », pour aider les territoires à former leurs habitants au numérique » précise-t-il.

La numérisation des entreprises a également avancé : en 2017, seules 4 600 entreprises étaient numérisées (vente en ligne, gestion etc.) et 112 000 très petites entreprises (TPE) ont reçu un chèque de 500 euros pour entamer leur transition numérique. En ce sens, l’initiative France Num et le plan de numérisation des TPE ont été lancés. La Banque européenne d’investissement, Bpifrance et l’État se sont également mobilisés pour pousser les banques partenaires à octroyer 1 milliard d’euros de prêts pour des projets de numérisation.

La start-up nation a pris son envol

En 2019 Emmanuel Macron a fixé un objectif de 25 licornes (entreprises valorisées à plus d’1 milliard de dollars, soit environ 820 millions d’euros) en 2025. L’objectif a été atteint avec trois ans d’avance en janvier 2022. Avec une croissance annuelle de + 115%, la French Tech a en effet levé 11,57 milliards d’euros, représentant 784 opérations. C’est Exotec, start-up spécialisée dans la logistique et la conception de robots autonomes qui a d’ailleurs permis de franchir le cap des 25 licornes françaises.

Souhaitant poursuivre les effort, l’actuel président de la République avait alors annoncé de nouveaux objectifs pour l’écosystème français, à savoir « 10 géants de la tech d’ici 2030 au niveau européen » dans le cadre du plan Choose France. L’Etat a profité de cet engouement pour annoncer d’autres plans de soutien notamment à la filière industrielle. On note également que dans le cadre du plan France relance, 735 millions d’euros sont mobilisés jusqu’à 2025 pour les usages industriels de la 5G, afin de renforcer la compétitivité des entreprises et de l’économie française.

Lutter contre la fracture numérique

Alors que la fracture numérique est aujourd’hui encore un facteur d’inégalité en France, le candidat veut poursuivre les efforts fournis depuis 2017. Dans son bilan, Emmanuel Macron rappelle que « la 4G est désormais déployée sur 85% du territoire, couvrant 99% de la population. Cette année, 100% de la population bénéficiera d’un accès 4G de qualité. En 2017, seuls 22% des foyers étaient couverts par la fibre. C’est 67% aujourd’hui (en mars 2022) et ce sera plus de 80% du territoire d’ici la fin de l’année ». De fait, la couverture numérique du territoire par la fibre devrait être achevée d'ici 2025.

Par ailleurs, il note que 91% des 250 services publics les plus demandés sont maintenant accessibles sur internet. Plus de 2 000 maisons France services offrent un accueil personnalisé de proximité pour aider les citoyens à accomplir leurs démarches administratives, en ligne ou pas. Le candidat annonce ainsi qu’il augmentera le nombre de conseillers et de maisons France services sur l’ensemble du territoire, sans toutefois donner de chiffre précis à ce sujet.

L’innovation dans les politiques publiques

Le porte-drapeau de la République en marche (LREM) souhaite par ailleurs approfondir le marché unique du numérique et la capacité à utiliser l'innovation dans les politiques publiques. Prenant l’exemple de la santé, il s’engage à développer l’apport du numérique dans ce domaine, sans toutefois préciser quels sont les projets ou les investissements à venir. Citant la crise sanitaire comme facteur d’un « développement spectaculaire du numérique dans le domaine de la santé », il promeut l’essor de la télémédecine ou le développement de l’application TousAntiCovid, « avec plus de 50 millions de téléchargements ».

Parmi ses mesures santé, on retient également qu’il souhaite relocaliser en France la production de médicaments et continuer à développer 20 biomédicaments et biotechnologies (notamment contre les cancers), ainsi que des technologies nouvelles comme les exosquelettes.

Responsabiliser en ligne

Emmanuel Macron le sait, la cybersécurité est devenue une question préoccupante pour tous, individus comme entreprises. Ce dernier prône le renforcement de la protection des Français en ligne, portant son bilan à un doublement des effectifs de la plateforme Pharos, qui signale le contenu illicite en ligne, et à la création du pôle national de lutte contre la haine en ligne, qui prend la forme d’un parquet numérique. Il souhaite également augmenter les effectifs de l'Anssi et de la cybergendarmerie. De fait, il annonce le recrutement à venir de 1 500 cyber-patrouilleurs et la mise en place d'un numéro joignable en permanence pour être conseillé et accompagné. Sera également mis en place un filtre anti-arnaques qui avertira en temps réel tous les usagers d’Internet avant qu’ils ne se rendent sur un site potentiellement piégé.

En parallèle, il entend imposer un cadre fiscal et réglementaire plus juste face aux géants du numériques sans pour autant forces ces derniers à fermer leurs services. Un impôt minimum mondial de 15% a d’ores et déjà été instauré et dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, le candidat s’est engagé sur l’adoption du Digital services act (DSA), visant à responsabiliser les intermédiaires de services numériques, et du Digital markets act (DMA), visant à assurer une plus grande concurrence dans l’économie numérique. Il annonce par ailleurs que les géants du numérique doivent désormais négocier et payer les éditeurs ou agences de presse pour utiliser leur contenu.